En ce mois de Ramadhan, le phénomène de la violence inquiète davantage des Oranais soucieux de leur sécurité et de leur tranquillité. "Lundi dernier, peu avant le f'tour, je marchais à haï Yasmine quand une épée artisanale est passée à moins d'un mètre de moi pour aller se ficher dans le dos d'un adolescent qui venait de me dépasser. Une grande bagarre a alors éclaté entre des jeunes et moins jeunes, munis de toutes sortes d'armes blanches, sous le regard médusé des passants." Deux jours plus tard, Rachid, 47 ans, gestionnaire d'une entreprise de location d'ambulances médicalisées, n'en revient toujours pas d'avoir échappé à une mort certaine : "J'ai vraiment failli prendre l'arme en plein dans la tête !" Ce que Rachid dit avoir vécu n'est pas une situation rare à Oran dont les différentes cités, notamment les quartiers populaires, sont très souvent le théâtre d'agressions, de rixes, de batailles rangées entre bandes rivales ou encore, heureusement plus rares, de meurtres. Et en ce mois de Ramadhan où les sens s'exacerbent rapidement, le phénomène de la violence inquiète davantage des Oranais soucieux de leur sécurité et de leur tranquillité. Inquiétude, du reste, justifiée par le nombre de personnes admises quotidiennement aux urgences des différents établissements hospitaliers d'Oran pour avoir été agressées ou impliquées dans des bagarres. Dans ce cadre, les services de communication des deux seuls CHU et EHU 1er-Novembre ont évoqué le chiffre d'une dizaine de cas admis chaque jour depuis le début du mois sacré, ce qui est loin de traduire la situation réelle de la wilaya, des dizaines d'autres blessés étant enregistrés par les établissements publics de proximité. Il faudra, sans doute, attendre la fin du Ramadhan pour espérer avoir un état plus ou moins fidèle de la réalité lorsque la direction de la santé aura consolidé l'ensemble des bilans. En attendant, les services de la police et de la gendarmerie ont renforcé leurs effectifs de lutte contre la criminalité depuis le début du mois et tentent de laisser le moins d'espace possible aux délinquants. Dans un bilan, présenté il y a quelques jours, la Sûreté de wilaya a annoncé avoir démantelé quatre bandes de malfaiteurs et traité un total de près de 300 affaires de crimes et délits dans lesquels 216 personnes ont été arrêtées. Plus de 140 ont été mises sous mandat de dépôt alors que 5 ont été placées sous contrôle judiciaire. Les mêmes services annoncent également avoir arrêté 36 individus en flagrant délit de vol avec agression et présenté devant la justice 65 personnes, notamment pour port d'armes prohibées et détention de stupéfiants. De son côté, la Gendarmerie nationale a mené une opération coup-de-poing à El Hassi et Coca-Cola, lieux réputés pour abriter des foyers de délinquance et criminalité. Près d'un millier de personnes a été soumis à un examen de situation, ce qui a permis de récupérer un véhicule volé et d'arrêter plusieurs individus recherchés par la justice. Ces opérations rassurent-elles la population ? Pas complètement même si beaucoup conviennent que c'est là une des manières de lutter contre la criminalité. Mais de nombreux spécialistes rappellent que la répression ne peut avoir de résultats concluants si elle n'est pas accompagnée d'efforts dans le sens de l'amélioration des conditions de vie sociale et la réhabilitation d'une école devenue génératrice de violence. S. Ould Ali