Le débat autour du droit à l'autodétermination des peuples s'est invité, hier, à Alger, au siège du quotidien DK News, au moment où l'Algérie célèbre le 53e anniversaire du recouvrement de sa souveraineté nationale. Organisée conjointement par le Collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui (CJASPS) et DK News, et animée par l'universitaire Ahmed Kateb, la rencontre a été rehaussée par la présence d'Annie Steiner, militante de la guerre de Libération nationale, des ambassadeurs sahraoui et angolais, ainsi que des responsables du Comité national de soutien au peuple sahraoui (Cnasps). Dans son intervention, l'enseignant à l'Ecole nationale supérieure de journalisme, spécialisé dans les relations internationales et les questions sécuritaires au Sahel, est revenu sur la résolution 15-14 sur l'octroi de l'indépendance aux pays coloniaux, adoptée en décembre 1960, par l'Assemblée générale de l'ONU. Cette déclaration, a-t-il dit, "a eu un impact historique sur les peuples colonisés, notamment en Afrique", en premier lieu sur "la question algérienne". Concernant la question sahraouie, M. Kateb a affirmé qu'elle est "le dernier vestige de la guerre froide". Mais, notera-t-il, "un Sahara occidental indépendant impliquera une démocratisation du royaume marocain, qui n'est voulue ni par la monarchie, ni par le roi ni par le Makhzen". Se basant sur les termes de la résolution 15-14 de l'ONU et sur les résolutions de l'OUA (Union africaine) relatives au "respect des souverainetés territoriales" et à l'"intangibilité des frontières héritées de la colonisation", l'intervenant a fini par lâcher des "vérités", parlant de "forfaiture" commise par le Maroc envers le territoire sahraoui "non autonome". La rencontre de DK News a permis au conférencier et aux participants de relever "la similitude" entre le combat des Algériens et celui des Sahraouis et des Palestiniens, pour l'autodétermination. Le conférencier est allé plus loin, constatant "la même configuration" dans l'occupation des territoires palestinien et sahraoui, ainsi que "la même stratégie" des puissances occidentales en Orient arabe et au Maghreb. Il signalera en outre le "jeu géostratégique que veut jouer le Maroc au Sahel, destiné à remplir un cahier des charges par procuration, principalement pour la France". "Le rapport de forces au niveau international est en faveur des forces impériales et des multinationales qui pillent les ressources naturelles du Sahara occidental", a-t-il souligné, les présentant comme "les coupables de complicité avec le colonisateur marocain". À la fin de la conférence, un membre du CJASPS a lu une déclaration, dans laquelle le collectif, créé récemment, a réaffirmé sa "solidarité" avec le combat de la Sahraouie Takber Haddi, dont le fils âgé de 21 ans, est décédé le 8 février dernier à El-Ayoune occupée, "après avoir été agressé par des colons et torturé par la police marocaine". Tout en soutenant les revendications de cette mère, il a lancé un appel aux "journalistes libres" dans le monde, pour "briser le blocus médiatique" sur le crime du jeune sahraoui. Il a aussi dénoncé le "déni de justice" du MAE espagnol, dont le pays continue à ignorer ses responsabilités historiques, en lançant un autre appel à l'opinion internationale pour aider le peuple sahraoui à faire entendre sa voix et à "exercer pleinement son droit légitime à l'autodétermination". H. A.