Le vice-ministre israélien de la Défense, Zeev Boïm, a estimé hier que le plan de désengagement de la bande de Gaza peut être compromis par le phénomène des refus d'obéissance à l'armée. “Je crains que l'armée ne puisse pas appliquer le plan unilatéral de retrait, si le phénomène des refus d'obéissance s'amplifie et touche des milliers de soldats”, a-t-il déclaré à la radio publique israélienne. “Je demande aux responsables de Yesha [initiales hébraïques du Conseil des localités juives de Judée-Samarie — Cisjordanie — et Gaza, ndlr], la principale organisation de colons à faire preuve de responsabilité et à ne pas participer à la destruction de l'armée en l'appelant à violer la loi et à ne pas appliquer des décisions prises démocratiquement”, a-t-il ajouté. M. Boïm a ainsi réagi à des mises en garde exprimées par les chefs de Yesha la veille lors d'une rencontre au ministère de la Défense à Tel-Aviv avec de hauts responsables militaires. Selon ses propos publiés hier par les médias, le chef de Yesha, Benzi Lieberman, a averti que son organisation “n'était pas en mesure d'endiguer le phénomène croissant du refus d'obéissance dans l'armée qui touche déjà des milliers de soldats” à propos du plan de retrait unilatéral. Ce plan prévoit l'évacuation d'ici à septembre 2005 des quelques 8000 colons habitant les 21 implantations de la bande de Gaza et de quatre autres isolées dans le nord de la Cisjordanie. Toujours selon les médias, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Moshé Yaalon, qui a participé à la rencontre avec les colons s'est déclaré “inquiet” face aux appels à la désobéissance dans l'armée et a demandé aux chefs de Yesha “de faire preuve d'esprit de responsabilité”. Egalement interrogé à la radio, le numéro deux du cabinet israélien, Ehud Olmert, s'est déclaré convaincu que les chefs de Yesha ne parviendront pas à “effrayer l'opinion” et que le plan de retrait sera bel et bien appliqué. “Israël est un pays démocratique et la décision [du retrait] prise par son gouvernement sera appliquée par l'armée. Les soldats refusant d'obéir aux ordres sont marginaux [...] Nous avons décidé de changer de direction et il s'agit d'un choix historique qui répond aux vœux de la majorité écrasante de l'opinion israélienne”, a-t-il encore dit. Un député du parti Yahad (gauche laïque) Avshalom Vilan a, de son côté, estimé que les mises en garde des colons à la haute hiérarchie de l'armée “constituent en fait un inacceptable appel à la rébellion”.