Le gouvernement se vante d'avoir réussi à réduire la facture d'importation de quelques produits en cette période de crise mais peine à réaliser la même performance pour les céréales. Les récentes statistiques des douanes révèlent l'incapacité de l'Exécutif à concrétiser un tel objectif. Au moment où l'Etat évoque la baisse des importations, celles des céréales enregistrent une hausse continue. Les quantités de blé, de maïs et d'orge introduites sur le marché national ont atteint une valeur de 1,89 milliard de dollars au 1er semestre 2015, contre près de 1,77 milliard de dollars à la même période de 2014, soit une hausse de +7,3%. En volume, le Centre national de l'information et des statistiques (Cnis), relevant des douanes, indique qu'il a été importé près de 7 millions de tonnes contre 5,86 millions de tonnes sur la même période de l'année 2014 soit une hausse de +18%. Ces chiffres maintiennent l'Algérie au rang de l'un des plus gros importateurs de céréales au monde. Or, notre pays, de l'avis de nombreux experts, dispose de plusieurs atouts, afin d'aboutir à une autosuffisance notamment pour le blé dur, l'orge et le maïs. Il suffit d'effectuer une large extension de la superficie irriguée consacrée à la céréaliculture. "Si nous arrivons à réaliser, à l'horizon 2019, l'objectif retenu de 600 000 ha de céréales en irrigué avec un rendement moyen de 30 quintaux/ha, nous pourrons facilement atteindre l'autosuffisance en blé dur", avoue le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), Mohamed Belabdi, dans un entretien à l'APS. La céréaliculture étant trop dépendante de la pluviométrie en Algérie, les surfaces irriguées restent de ce fait réduites. Sur une superficie totale de 3,4 millions hectares, seuls 240 000 ha, soit 7%, bénéficient actuellement de l'irrigation. Le million d'ha supplémentaire à irriguer dont 600 000 ha réservés à la culture céréalière, annoncé dans les prévisions du quinquennat 2015-2019 doublera certainement la production et la portera à près de 70 millions de quintaux. La facture des importations de blé continue, néanmoins, à peser puisqu'elle s'est chiffrée à 1,36 milliard de dollars contre près de 1,24 milliard de dollars (+10%) en 2014, tandis que les quantités importées ont augmenté en passant à 4,38 millions de tonnes contre 3,78 millions de tonnes (+16%).
L'autosuffisance en blé dur dépend de la superficie irriguée Les importations de blé tendre se sont établies à 879,54 millions de dollars pour des quantités estimées à 3,41 millions de tonnes durant la première moitié de l'année 2015 contre 831,41millions de dollars (2,741 millions de tonnes) à la même période de 2014, en augmentation de près de 5,8% en valeur. La facture du blé tendre a, ainsi, représenté plus de 46% de la totalité des importations des céréales. Pour les importations de blé dur, la facture a augmenté à 482,31 millions usd (970 042 tonnes) contre 407,44 millions usd (1,04 million de tonnes), en hausse de 18,38% en valeur alors que les quantités ont diminué de 6,8%. Les importations de blé dur représentent plus de 25% de la facture globale des céréales. "Nous sommes en train de booster la filière blé dur et orge, des produits qui sont à notre portée étant donné que l'Algérie, historiquement, est un producteur de blé dur de bonne qualité", affirme le DG de l'OAIC. L'office prévoit une production de 40 millions de quintaux en 2015 contre 34 millions durant la saison précédente. Pour cela, cet organisme mène un programme soutenu par les pouvoirs publics, destiné à l'équipement des parcelles céréalières en systèmes d'irrigation (pivots, asperseurs...) notamment au sud du pays. Grâce à un crédit bancaire, la superficie équipée a atteint, jusqu'à maintenant, 30 000 ha contre 24 000 ha en 2014. Le coût de cette opération est soutenu à hauteur de 50% par l'Etat, le reste étant remboursé par le producteur sur trois années en livrant sa production à cet office céréalier qui a passé une commande de matériels d'irrigation à Anabib pour équiper des agriculteurs dès la prochaine saison. B. K.