Le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d'Iran, Mohamed Jawad Zarif, est à Alger, depuis hier, où il a affirmé, à son arrivée, que Téhéran tient au principe de "la non-ingérence étrangère" dans les conflits qui secouent de nombreux pays en Afrique, comme la Libye et le Proche-Orient, en référence à la guerre en Syrie, qui fait également face au terrorisme. "Nous avons besoin (l'Algérie et l'Iran, ndlr) de travailler ensemble, car nous avons des positions similaires concernant le respect de la souveraineté territoriale des pays, comme nous croyons à la non-utilisation de la force et de la résolution des problèmes à travers le dialogue", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger. "C'est aux peuples eux-mêmes de décider de leur destinée, loin de l'ingérence étrangère", a-t-il ajouté. Accompagné d'une forte délégation, Mohamed Jawad Zarif débarque à Alger dans un contexte particulier, marqué par une aggravation de la situation sécuritaire au Proche-Orient et une chute des prix du pétrole, alors que l'Iran s'apprête à revenir sur le marché, après la signature, à la mi-juin, de l'accord sur son programme nucléaire controversé, avec les grandes puissances occidentales. Face à une Arabie saoudite qui fausse le jeu des membres de l'Opep et qui bloque les initiatives de paix en Syrie, avec son refus de toute participation de Bachar al-Assad au futur processus de transition à Damas, Alger et Téhéran tentent donc d'unir leur position politique pour éviter le pire. Les deux parties ont convenu de cette rencontre, dont une partie est consacrée aux consultations régulières entre les deux pays, pour pouvoir "échanger leurs vues sur la situation actuelle au Proche-Orient et sur les questions globales d'intérêt commun, ainsi que pour évoquer les moyens de renforcer la lutte contre le terrorisme", comme l'a rappelé le communiqué rendu public, hier, par le ministère des Affaires étrangères. Outre les questions d'ordre économique, Alger et Téhéran cherchent à peser de tout leur poids dans la résolution des conflits politiques et les guerres internes qui ont laissé le champ libre aux mouvements terroristes pour étendre leurs tentacules et créer de nouveaux foyers d'instabilité en Afrique et au Proche-Orient. Alger, qui défend l'option du dialogue politique, peut donc compter dans son camp Téhéran pour appuyer sa position. Il en est de même pour l'Iran qui compte sur l'Algérie pour plaider sa cause auprès des chancelleries occidentales dans la résolution de la crise syrienne et la lutte contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI, Daech). D'aucuns n'ignorent pas le rôle joué par l'Algérie dans la libération des otages américains à Téhéran, en janvier 1981, après 444 jours de détention au sein même du siège de l'ambassade des Etats-Unis depuis le 4 novembre 1978. Washington avait fait appel à l'époque au ministère algérien des Affaires étrangères pour négocier la libération de 52 diplomates et civils américains, détenus au siège de la représentation diplomatique américaine à Téhéran, par des étudiants hostiles à la politique des Etats-Unis envers l'Iran et dans la région. Avec le retour de l'Iran sur la scène internationale, l'Algérie va-t-elle jouer encore le rôle de "médiateur" dans le processus de dédiabolisation du régime des ayatollahs ? L. M.