L'Algérie, par le biais du ministère des Affaires étrangères, point focal climat, a transmis sa Contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN), le 3 septembre 2015, en vue de la tenue de la Conférence des parties (CoP21) sur le climat en décembre prochain à Paris. L'état des lieux délivré en introduction rappelle que l'Algérie est un pays sévèrement affecté par la désertification et, "à l'instar des pays africains et d'autres pays de la rive sud de la Méditerranée, particulièrement vulnérables aux effets multiformes des changements climatiques". Le stress hydrique en tant que menace sévère à moyen et long termes n'est pas mis en avant en tant que préoccupation essentielle. Il en est de même de la nécessité de l'adaptation de l'agriculture et donc des moyens pour la recherche, ainsi que des ajustements importants à apporter aux déséquilibres territoriaux (démographiques en particulier) et la préservation des ressources naturelles. Des généralités pas toujours productives Sur ce dernier point, c'est plutôt le contraire ; l'utilisation encore plus accrue du gaz naturel sert d'argument pour présenter le pays comme un faible émetteur de gaz à effet de serre ; les ressources prouvées et estimées de l'Algérie en matière de gaz naturel devraient pouvoir aider ses partenaires à promouvoir l'utilisation de cette source propre d'énergie, est-il mentionné. Pourtant, plusieurs études, dont la plus récente a été rendue publique le mois de juin dernier, limitent l'apport de cette énergie à moins de 10% (2030 dans le mix mondial dans un scénario d'accord à la CoP21— moins de 450ppm —, voir l'article sur ce sujet). L'argumentaire amène les rédacteurs à noter que cette "contribution provisoire de l'Algérie est donc soumise aux conditions de l'accès aux ressources financières extérieures nouvelles, tant auprès de ses partenaires bilatéraux que multilatéraux, ainsi que du transfert des technologies propres...". Jusque-là, c'est plutôt l'Algérie qui n'a pas su tirer profit des mécanismes internationaux comme le MDP (mécanisme de développement propre) prévus par le Protocole de Kyoto. D'aucuns estiment que cette conditionnalité de forme aurait gagné à être étayée par des besoins précis en termes de secteurs d'activité et d'objectifs. Là encore, le court terme et le contexte politique dominent : "L'Algérie doit, aussi, faire face à la satisfaction des besoins sans cesse croissants d'une population en constante augmentation en matière d'emploi, d'éducation, de santé et d'habitat, et ce, dans un contexte économique et financier aggravé par la baisse sensible des prix des hydrocarbures." Transition énergétique conditionnée La contribution algérienne reprend le communiqué de la réunion du Conseil des ministres du 24 mai 2015 qui annonce l'intention du gouvernement de réduire de 9% la consommation globale d'énergie à l'horizon 2030 avec l'isolation thermique d'un important programme de logements, la conversion au GPL d'un million de véhicules particuliers et de plus de 20 000 autobus. Sur la production d'électricité, le document confirme l'abondant de l'objectif des 40% à l'horizon 2030. La révision à la baisse déjà annoncée (27%) avec un mix de renouvelable constitué du photovoltaïque, de l'éolien, du thermique solaire, ainsi que de l'intégration de la cogénération, de la biomasse et de la géothermie. Ces affirmations auraient gagné à s'appuyer sur des projets et des études, ainsi que sur des étapes, et non uniquement sur des potentialités du genre "l'Algérie, le plus grand pays d'Afrique, de la Méditerranée et du monde arabe, de par sa surface, dispose de l'un des gisements solaires les plus élevés au monde estimé à plus de 5 milliards Gwh/an", ou alors "dispose d'un réservoir géothermique constitué par la nappe albienne qui s'étale sur plus de 700 000 km2". Curieusement, l'amorce d'une transition énergétique est conditionnée par des apports extérieurs ! En effet, dans "les actions projetées subordonnées aux soutiens en matière de financements extérieurs...", on lit : "Opérer une transition énergétique et une diversification économique pour atteindre les objectifs de développement durable de l'Algérie." Objectifs et mise en œuvre L'Algérie ambitionne de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7 à 22%, à l'horizon 2030, par rapport à un scénario de référence (le scénario du laisser-faire). Les 7% seraient réalisés par des moyens nationaux, mais aucun schéma ni étape intermédiaire ne sont motionnés contrairement aux contributions de plusieurs autres pays (unfccc.int/submissions/INDC). L'objectif de 22% est "subordonné aux soutiens en matière de financements extérieurs, de développement et de transfert technologique et de renforcement des capacités". Il est difficile de savoir si les assertions sont le fruit d'études ; l'actualisation de l'inventaire national des gaz à effet de serre en tant qu'obligation internationale peine à être relancé. La gouvernance internationale sur le climat ne peut ignorer cet état de fait. Pour un expert qui a longtemps participé aux négociations internationales sur le climat, la récente suppression du ministère de l'Environnement en tant qu'entité intersectorielle pose en soi un sérieux handicap de mise en œuvre. Les instruments mis en avant dans cette perspective sont loin d'être encore opérationnels. L'Agence nationale des changements climatiques, dont la création a été annoncée en 2006, périclite dans l'anonymat ; depuis sa création, elle n'a jamais pu réunir son conseil d'administration ! S'agissant du Plan national climat (PNC), également mis en avant dans la correspondance, les liftings successifs opérés par les fonctionnaires de l'ancien ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement à la copie remise par GIZ (Coopération Allemande) le réduisent à quelque lignes directrices sectorielles, ajoute-t-il.