C'est grâce au gaz naturel que l'Algérie s'engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7 à 22% en 2030, par rapport à un scénario «business as usual». Vendredi dernier, l'Algérie a officiellement présenté son engagement dans le cadre des négociations climatiques en proposant une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 7 à 22%, à l'horizon 2030, par rapport à un scénario de référence (Business as usual - BAU). Selon actu.environnement qui rapporte l'information, cet engagement est subordonné aux soutiens en matière de financements extérieurs, au développement et au transfert technologiques et au renforcement des capacités, indique le document envoyé au secrétariat général de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc). Il précise que les 7% de réduction des GES seront réalisés avec les moyens nationaux, sous-entendant que cet objectif ne sera dépassé qu'avec un soutien extérieur. Selon la même source, le gaz est au coeur de la stratégie climatique de l'Algérie qui met en avant qu'elle n'est nullement responsable des changements climatiques ni historiquement, ni présentement ni dans le futur en raison de la prépondérance du gaz naturel dans son mix énergétique. Ce mix est qualifié de vertueux, le gaz étant une énergie propre contrairement au charbon. Cela lui permet, selon actu.environnement, de souligner qu'elle contribue déjà aux efforts d'atténuation, depuis plusieurs décennies, grâce au recours aux centrales à cycle combiné. Pour réduire ses émissions, l'Algérie propose donc d'accroître l'usage du gaz, via notamment la conversion au gaz de pétrole liquéfié (GPL) d'un million de véhicules particuliers et de plus de 20.000 autobus. Le recours au gaz est aussi mis en avant comme une opportunité de réduction des émissions pour d'autres pays. Les ressources prouvées et estimées de l'Algérie en matière de gaz naturel devraient pouvoir aider ses partenaires, explique le document qui ne cache cependant pas que l'économie algérienne est fortement dépendante des recettes d'exportation des hydrocarbures. Cette dépendance économique rend l'Algérie doublement vulnérable (naturellement et économiquement) aux effets adverses des changements climatiques, mais aussi aux mesures de riposte. La contribution de l'Algérie n'évoque cependant pas le recours au gaz de schiste, une ressource en cours de développement. De même, elle n'évoque pas les fuites de méthane, lors de l'extraction et du transport du gaz naturel, qui constituent un enjeu grandissant de la réduction des émissions de GES. En matière de réduction de méthane, l'Algérie entend accorder la priorité à la gestion des déchets solides ménagers, explique le document. Pas de référence à la réduction de l'impact climatique de l'extraction des énergies fossiles, mis à part l'engagement de réduire à 1%, d'ici 2030, le volume de gaz torché. La même source ajoute qu'en dehors du recours au gaz, l'Algérie propose un programme ambitieux de réduction de 9% de la consommation globale d'énergie à l'horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, elle compte notamment procéder à l'isolation thermique d'un important programme de logements. Si le gaz est roi, les énergies renouvelables ne sont pas totalement oubliées. En effet, l'Algérie entend opérer une transition énergétique et une diversification économique, est-il poursuivi. Pour y parvenir, elle se fixe pour objectif d'atteindre 27% de la production nationale d'électricité grâce aux renouvelables. Le pays dispose notamment de l'un des gisements solaires les plus élevés au monde estimé à plus de 5 milliards de gigawattheures par an (GWh/an), avec un ensoleillement annuel moyen de 2500 heures à l'échelle du pays, voire 3 600 dans certaines zones. La contribution propose donc de développer d'ici 2030 le photovoltaïque et, à moyen terme, la production d'énergie à partir du solaire thermique. De même, l'éolien, la biomasse, la géothermie (dixième plus grand pays au monde grâce à la nappe albienne qui s'étale sur plus de 700,000 km2) et la cogénération sont mis en avant. Pour rappel, en décembre 2012, les négociateurs internationaux à Lima (Pérou) avaient «invité» les Etats à communiquer «bien en avance» de la conférence de Paris leur contribution officielle. Idéalement, les contributions intentionnelles déterminées au niveau national (Indc, pour Intended Nationally Determined Contribution) devaient être envoyées au secrétariat de la Ccnucc avant la fin du premier trimestre 2015 «pour les pays prêts à le faire», précisait l'accord conclu à Lima. Seuls six pays, ou groupe de pays, ont remis leur Indc à la date butoir du 31 mars: la Suisse, l'Union européenne, la Norvège, le Mexique, les Etats-Unis et la Russie.