Pause En dépit d'une conjoncture très difficile, la loi de finances complémentaire 2015 n'apporte pas de changements majeurs en matière de réduction des dépenses publiques et d'augmentation des recettes fiscales pour diminuer l'énorme trou budgétaire. En somme, le texte ne constitue nullement une réponse à la crise financière que connaît l'Algérie née de la chute des prix du pétrole. En clair, l'Algérie va sans doute l'année en cours subir une baisse de 50% de ses exportations hydrocarbures, voire une chute beaucoup plus importante de ses recettes tirées des ventes de pétrole et de gaz qui constituent quasiment plus de 90% des recettes en devises du pays. Avec probablement 30 milliards de dollars de recettes tirées des exportations d'hydrocarbures en 2015, contre près de 60 milliards de dollars en 2014, il est clair que la situation s'avère très difficile surtout au plan budgétaire. L'Etat va de nouveau pomper de l'argent du Fonds de régulation pour faire face à l'important déficit budgétaire. Ce recours plus important à ce bas de laine en 2015 et 2016 annonce l'épuisement du Fonds de régulation en 2017. Du coup, cette situation augure la dégradation de la situation sociale de millions d'Algériens dont le pouvoir d'achat va être laminé par deux facteurs principaux : la suppression probable de certaines subventions, avec l'aggravation prévisible de la situation financière du pays, et la dévaluation plus importante du dinar à coups de glissements successifs de la valeur de la monnaie nationale. L'amortisseur principal reste néanmoins les réserves de change qui couvrent actuellement plus de deux ans d'importations de marchandises et de services. Déjà, le gouvernement à travers cette loi de finances complémentaire 2015 touche à la poche des citoyens via la taxe d'habitation qui augmente dans les grandes villes et qui sera étendue à l'ensemble des wilayas et celle sur les véhicules qui va rendre ce moyen de locomotion inaccessible à la majorité des citoyens. En d'autres termes, les choses sérieuses n'ont pas encore commencé. Un an et demi après la chute des prix du pétrole, le gouvernement n'aura pas mis en œuvre encore un véritable plan de riposte à la crise née de la baisse importante des recettes d'exportations du pays. C'est sans doute avec la loi de finances 2016 que s'amorcera véritablement la mise en œuvre du plan anti-crise. Cette pause a un coût. Le temps aujourd'hui joue contre l'Exécutif. Car plus on tarde à appliquer des décisions salutaires, plus le coût social sera élevé. En ce sens, les observateurs avertis se demandent pourquoi on hésite à appliquer la réglementation sur les normes qui constitue un instrument efficace entre les mains des pouvoirs publics pour réduire les importations. Seule une disposition de la LFC 2015, nous semble-t-il, tente de résoudre les problèmes de financement de l'économie aggravés par la chute des prix du pétrole. Un taux de 7% est institué en vue de drainer plus de 30 milliards de dollars de l'informel vers les circuits bancaires pour financer l'investissement public et privé. Mais plusieurs experts doutent de son efficacité. Ce qui est étonnant devant la gravité de la situation, c'est qu'une partie de l'équation n'est pas traitée frontalement par l'Exécutif. Pourtant, sa solution ouvre les portes de l'espoir quant au règlement en partie de la crise. Imaginez l'énorme gisement fiscal constitué par la lutte contre la fraude, les sous-déclarations douanières et la fuite des capitaux. Cette fraude à large échelle encouragée est devenue un sport national. Imaginez si les impôts, en outre, appréhendaient mieux les transactions foncières, de quoi bien renflouer les caisses de l'Etat. Mais là encore, la question est de savoir s'il existe une véritable volonté politique d'améliorer l'efficacité des administrations fiscales et douanières.