Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
L'administration fiscale évoque un début plutôt timide Alors que les banquiers parlent d'engouement concernant la mise en conformité fiscale volontaire
Le ministre des Finances a appelé, récemment, les P-dg des banques à engager "des équipes volantes" qui iront sur le terrain pour essayer de convaincre les personnes activant dans l'informel à se régulariser vis-à-vis de l'administration fiscale. Le programme de mise en conformité fiscale volontaire (MCFV), lancé en août dernier par l'administration fiscale et les banques pour drainer les fonds "informels" vers le circuit bancaire, semble bien démarrer, selon des banquiers interrogés par l'APS. "Le dispositif a commencé, il y a un mois, et nous avons déjà enregistré les premières opérations de placement au niveau de plusieurs banques, c'est un début prometteur et un signal très positif pour la conduite de ce programme", a déclaré Boualem Djebbar, président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), cité par l'APS. Sur les montants placés, M. Djebbar, également P-dg de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), a confié que "les sommes diffèrent : il y a des placements de 10 millions de dinars, de 40 millions de dinars, de 60 millions, voire de 200 millions de dinars". Mais, estime-t-il, "il ne faut pas se focaliser sur les montants à l'heure actuelle, nous sommes tout à fait au début, il nous reste presque un an et demi pour arriver à la date limite, je pense que nous avons le temps qu'il faut pour atteindre les objectifs escomptés". Des équipes de cette banque publique doivent ainsi "se déplacer sur le terrain, se rapprocher des citoyens pour les sensibiliser et les convaincre de déposer leur argent au niveau des banques", a-t-il encore fait savoir. Même son de cloche du côté du Crédit populaire d'Algérie (Cpa). Le P-dg Omar Boudieb a indiqué que la banque a déjà collecté "près de 300 millions de dinars dans le cadre du MCFV en plus de promesses de placement pour 2 milliards de dinars". Le Cpa compte mettre à profit les assises régionales, qui seront organisées les 10, 14 et 17 septembre en cours, autour des mesures de la LFC pour 2015 et, notamment, celle relative à la MCFV, pour "lever toutes les ambiguïtés sur les modalités de dépôt et d'utilisation des avoirs et essayer d'instaurer ce climat de confiance qui fait défaut". Interrogé, le délégué général de l'Abef, Abderrezak Trabelsi, s'est montré également satisfait quant au déroulement de l'opération en faisant état de "sommes appréciables" placées auprès des banques en un mois. "Il est faux de dire que les citoyens ne s'intéressent pas à ce dispositif, il y a un réel engouement, mais les gens ne vont pas crier sur les trottoirs pour dire qu'ils sont allés voir telle ou telle banque", a-t-il affirmé. Cependant, la satisfaction affichée par les banquiers contraste avec le constat de l'administration fiscale, qui évoque un début plutôt timide. "L'opération a débuté durant un mois de vacances, on ne peut pas parler d'engouement en ce qui concerne nos services. En revanche, certains sont venus solliciter des informations pour voir comment ça se passe et toutes les explications leur ont été données", signale, à l'APS, le directeur général des impôts, Abderrahmane Raouïa. Le bilan d'un mois d'exécution de la MCFV est "un peu timide par rapport à ce qui était escompté", a estimé, pour sa part, le directeur de l'informatique et de la documentation fiscales, Yahia Oukssal. "Les gens sont encore réticents, ils craignent par exemple que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l'argent déposé, ou que l'administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité... ils se donnent donc une période d'observation", a-t-il expliqué. Pour rappel, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, a appelé, récemment, les P-dg des banques à engager "des équipes volantes" qui iront sur le terrain pour essayer de convaincre les personnes activant dans l'informel à se régulariser vis-à-vis de l'administration fiscale et stimuler les agents bancaires. "Un chargé de la clientèle qui arrive à ramener quatre ou cinq clients de l'informel mérite d'être récompensé", a recommandé M. Benkhelfa, avertissant que si "l'ensemble des agences bancaires ne se mobilisent pas, nous serons vulnérables en 2016". Pour mieux expliquer ce dispositif, une semaine de portes ouvertes sur les banques sera organisée "avant la fin de l'année", ce qui permettra de "renforcer la relation banques-citoyens", a avancé M. Benkhelfa, qui reconnaît, à cet égard, l'existence d'un "problème de confiance qu'il faut rétablir". M.R