Ainsi, pour le président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Boualem Djebbar, dont les propos ont été rapportés par l'APS, le dispositif connaît un «début prometteur» et «des opérations de placement au niveau de plusieurs banques» ont été enregistrées. Le même responsable, également P-dg de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), a même énuméré quelques sommes déposées déjà au niveau de la banque. «Les sommes différent : il y a des placements de 10 millions de dinars, de 40 millions de dinars, de 60 millions, voire de 200 millions de dinars», a-t-il déclaré. M. Djebbar tient néanmoins à préciser que l'opération n'est qu'à ses débuts et il «reste presque un an et demi pour arriver à la date limite (de ce dispositif)». Le patron de la Badr espère, dans ce sens, mettre à profit le vaste réseau de la banque doté de 300 agences pour «essayer de collecter le maximum d'argent». Pour ce faire, M. Djebbar annonce une opération de proximité qui sera prise en charge par des équipes la banque publique afin de «se rapprocher des citoyens pour les sensibiliser et les convaincre de déposer leur argent au niveau des banques». Même son de cloche du côté du Crédit populaire d'Algérie (CPA). Le P-dg de cette banque publique, Omar Boudieb, juge que l'opération se déroule dans de bonnes conditions et des placements pour un montant global «assez consistant» ont été relevés. «Au niveau du CPA nous avons enregistré des opérations pour un montant assez consistant et nous avons également eu des promesses de placements. Nous escomptons réaliser des montants considérables d'ici un ou deux mois», espère M. Boudieb. Le bilan communiqué par la banque fait état «près de 300 millions de dinars dans le cadre du dispositif en question, en plus de promesses de placement pour 2 milliards de dinars». Outre les opérations de proximité et les opérations de communication, le CPA entend s'impliquer activement dans ce sens lors des assises régionales qui seront organisées les 10, 14 et 17 septembre autour des mesures de la LFC 2015. A travers une telle action, les responsables de la banque entendent «lever toutes les ambiguïtés sur les modalités de dépôt et d'utilisation des avoirs et essayer d'instaurer ce climat de confiance qui fait défaut». De son côté, le délégué général de l'Abef, M. Abderrezak Trabelsi, réfute la thèse selon laquelle «les citoyens ne s'intéressent pas à ce dispositif». «Il y a un réel engouement mais les gens ne vont pas crier sur les trottoirs pour dire qu'ils ont été voir telle ou telle banque», a-t-il tranché. Mais contrairement à l'optimisme des banques, l'administration fiscale juge que l'opération connaît «un début plutôt timide». «L'opération a débuté durant un mois de vacances, on ne peut pas parler d'engouement en ce qui concerne nos services, par contre certains sont venus solliciter des informations pour voir comment ça se passe et toutes les explications leur ont été données», indique le directeur général des impôts, Abderrahmane Raouia. Ce que confirme, d'ailleurs, le directeur l'informatique et de la documentation fiscale (Didf) au sein de l'administration fiscale, Yahia Oukssal. Ce responsable estime que «les gens sont encore réticents, ils craignent par exemple que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l'argent déposé, ou que l'administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité. Ils se donnent donc une période d'observation». Le gouvernement, qui mise actuellement sur l'intégration de l'informel dans les circuits légaux, table sur quelque 1 300 milliards de dinars à bancariser (une estimation de la Banque d'Algérie). Le premier argentier du pays, Abderahmane Benkhalfa, avait tenu à préciser que les capitaux informels collectés contribueront au financement de la croissance économique. S. B./APS