Selon la Banque d'Algérie, l'argent liquide circulant dans l'informel tourne autour de 1000 à 1300 milliards de DA. L'opération de «mise en conformité fiscale volontaire», lancée le 2 août dernier, semble plutôt prometteuse. Les banquiers manifestent leur sérénité au vu des sommes conséquentes qui renflouent les caisses. Le satisfecit de ces derniers est exprimé à plus d'une année de la date butoir devant clôturer l'importante opération ordonnée par les pouvoirs publics et dont le principal objectif consiste à «rapatrier» l'argent de l'informel. Les agences bancaires ont été ainsi chargées de collecter les dépôts, de défalquer instantanément la taxe de 7% et de la verser à la DGE. Bancariser l'argent de l'informel, tel est donc le propos de cette démarche. Un climat de sérénité caractérise donc l'opération de mise en conformité fiscale volontaire (Mcfv), et les témoignages des uns et des autres abondent dans ce sens. «Le dispositif a commencé il y a un mois et nous avons déjà enregistré les premières opérations de placement au niveau de plusieurs banques, c'est un début prometteur et un signal très positif pour la conduite de ce programme», déclare M.Boualem Djebbar, président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef). Sur les montant placés, M.Djebbar, également P-DG de la Badr (Banque de l'agriculture et du développement rural), confie que «les sommes diffèrent: il y a des placements de 10 millions de DA, de 40 millions de DA, de 60 millions, voire de 200 millions de DA». Mais «il ne faut pas se focaliser sur les montants à l'heure actuelle, nous sommes tout à fait au début, il nous reste presque un an et demi pour arriver à la date limite (de ce dispositif), je pense que nous avons le temps qu'il faut pour atteindre les objectifs escomptés» souligne-t-il. De son côté, le P-dg du CPA (Crédit populaire d'Algérie), M.Omar Boudieb, assure que le dispositif «fonctionnait comme il se doit» et que la banque qu'il dirige a déjà enregistré des placements pour un montant global «assez consistant». Le délégué général de l'Abef, M.Abderrezak Trabelsi, se montre également satisfait quant au déroulement de l'opération en faisant état de «sommes appréciables» placées auprès des banques en un mois. L'administration fiscale évoque néanmoins un début plutôt timide de ce programme. «L'opération a débuté durant un mois de vacances, on ne peut pas parler d'engouement (de la part des détenteurs de fonds informels) en ce qui concerne nos services, par contre, certains sont venus solliciter des informations pour voir comment ça se passe et toutes les explications leur ont été données», signale le directeur général des impôts, M.Abderrahmane Raouia. A son tour, le directeur de l'informatique et de la documentation fiscale (Didf) au sein de l'administration fiscale, M.Yahia Oukssal estime que le bilan d'un mois d'exécution de la Mcfv est «un peu timide par rapport à ce qui était escompté». «Les gens sont encore réticents, ils craignent par exemple que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l'argent déposé, ou que l'administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité... Ils se donnent donc une période d'observation» explique-t-il._ L'Algérie, selon son grand argentier, «n'est pas en position de mal-aisance financière, et ne compte pas sur la taxe de 7% pour avoir des ressources, mais veut juste impliquer le milieu des affaires dans le développement». Selon la Banque d'Algérie, l'argent liquide circulant dans l'informel tourne autour de 1000 à 1300 milliards de DA. A partir du 1er janvier 2017, les personnes disposant de fonds informels et n'ayant pas souscrit au programme de Mcfv feront cependant l'objet de redressements fiscaux avec l'application des pénalités et sanctions prévues en la matière.