Résumé : Ibtissem tient des propos qui inquiètent son amie. Fella tente plusieurs fois de la raisonner. Elle ne peut pas briser une famille. Elle se fait des idées. Ibtissem n'apprécie pas que son amie ne l'encourage pas. Elle part seule. Pour la première fois, elles ne dînent pas ensemble. Fella cherche après elle le matin, ne voulant pas se fâcher avec elle. Mais Ibtissem est déjà partie... Où est-elle partie ? se demande Fella. Si elle a libéré la chambre, c'est qu'elle ne compte plus revenir. Mais pourquoi ? L'amie se rappelle qu'en voulant la raisonner, elle avait senti qu'elle se braquait, refusait toute idée de passer à autre chose. Car sa relation avec Madjid est faussée depuis le début. Durant le trajet jusqu'à l'entreprise où elle travaille, Fella ne cesse de penser à Ibtissem. Où allait-elle vivre maintenant ? Si elle est partie sans rien lui dire, c'est pour mettre fin à leur amitié. Elle n'en a aucun doute. Elle regrette que son amie ait mal pris ses avertissements. C'est pour lui éviter de souffrir qu'elle lui a dit franchement ce qu'elle en pensait. Ce dont à quoi elle ne s'attendait pas, c'est qu'elle le prenne aussi mal, au point de partir pour ne plus la voir. Une fois au bureau, il y a tant de boulot qui l'attend qu'elle l'oublie presque. Ce n'est qu'à la pause déjeuner qu'elle se souvient d'elle. Elle a le numéro de sa ligne directe et elle en profite pour l'appeler. Elle espère qu'elle décrochera, mais peine perdue. Fella insiste et rappelle plusieurs fois, mais ça sonne longtemps sans que quelqu'un daigne décrocher. Il doit y avoir un problème au niveau de sa ligne. Fella ne baisse pas les bras. Elle compose le numéro des renseignements et demande les numéros du standard de l'entreprise. Il y en a plusieurs, et elle les note à la va-vite sur la chemise d'un dossier. Elle compose aussitôt, espérant que la standardiste puisse la mettre en contact avec Ibtissem. -Madame n'est pas venue aujourd'hui ! Vous voulez laisser un message ? -Non, non. Je rappellerai... Fella est pensive en raccrochant. Elle ne sait pas quoi penser de cette absence. -J'aurais mieux fait de me taire ! se reproche-t-elle. Il a suffi que je lui dise le fond de mes pensées pour que je perde son amitié ! Je croyais que rien ne pouvait nous séparer ! À part la mort... Elle ne pense plus à aller déjeuner. Elle prend son sac et sort. Elle se rend chez elle. Hadj Hacène ouvre la porte et son visage se renfrogne en la découvrant. -Massa elkheir, comment vas-tu ? - J'irais mieux à ton départ ! Qu'est-ce que tu veux ? C'est elle qui t'envoie ? Dis-lui alors d'oublier qu'elle a un père ! Pour moi, elle est morte et enterrée ! Va le lui dire ! -Aâmi (mon oncle), je la cherche ! dit Fella. Elle n'est pas bien ! En fait, elle n'est plus la même ! Je crois qu'elle a besoin d'être suivie par un psy ! Depuis la mort de Fethi et de khalti, elle n'a plus toute sa tête ! J'ai peur qu'elle finisse mal ! -Qu'elle devienne folle ou six pieds sous terre, pour moi, son sort m'indiffère ! En fait, si seulement c'était elle qui était morte à leur place ! regrette-t-il. Pars ! et ne reviens plus ! Fella repart, plus déçue qu'à son arrivée. Une fois dans la rue, étant à quelques minutes de chez la belle-mère d'Ibtissem, elle décide d'aller voir celle-ci. Peut-être qu'elle pourra l'aider ? Comme elle s'y attend, cette dernière ne saute pas de joie en la découvrant sur le palier. -Qu'est ce qui t'amène ? Tu sais que cette chienne ne vient plus ici ! -Oui, je sais. Khalti, j'ai besoin de joindre Madjid le pharmacien. J'ignore où elle se trouve ! Je dois lui parler, dit Fella. -Qu'est-ce que tu veux lui dire ? -C'est au sujet de sa famille ! Ibtissem fait une fixation, sur eux ! dit Fella. J'ignore ce qu'elle a dans la tête. C'est pour le mettre en garde ! -Je vais te donner son numéro, dit la vieille femme. J'espère qu'elle finira dans un asile ou en prison ! Elle retourne à l'intérieur, le temps d'arracher la feuille du carnet d'adresses. -Merci ! Fella ne traîne pas. Une fois dehors, elle entre dans le premier taxiphone sur son chemin. Elle appelle à la pharmacie. C'est quelqu'un d'autre qui décroche. Madjid est sorti déjeuner, et n'est pas encore revenu... (À suivre) A. K.