Près de 25 milliards de centimes constituent la première tranche de l'enveloppe allouée par l'Etat pour la création, l'extension et les aménagements des cimetières de la capitale. C'est ce que nous a déclaré le directeur général de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres et cimetières (Egpfc) rencontré au cimetière d'El-Kettar où il supervisait jeudi une journée de volontariat organisée par les travailleurs de cette Epic. En poste depuis le mois d'avril 2003, ce responsable ne cache pas sa volonté de redonner à ce secteur le statut qu'il mérite. “Ce sont des lieux sacrés qu'il faut garder et préserver. Négligés durant quelque temps, ils étaient devenus des refuges pour délinquants et toxicomanes”, souligne notre interlocuteur. Dans une première phase, l'Egfpc s'attelle à l'entretien des lieux de sépulture dont certains sont envahis par la végétation sauvage et les ordures, résultat d'un manque de civisme flagrant. D'ailleurs, plusieurs articles de presse avaient dénoncé le laxisme des autorités à l'égard de ces lieux ayant connu une dégradation honteuse. Des vaches et des moutons paissent tranquillement sur les tombes à El-Alia, des égouts à ciel ouvert à Sidi Yahia, drogue et actes de perversion dans d'autres lieux. Il y a quelques années, le cimetière d'El-Kettar était un lieu de prédilection des voyous où les agressions étaient quotidiennes. Pour M. Djaknoune cette situation s'expliquait par la conjoncture difficile que connaissait le pays en matière d'insécurité. Ajoutez à cela la gestion de ce secteur par l'ex-CPFA qui a permis depuis sa dissolution en 1995 la naissance de plusieurs Epic dont l'EGPFC. “Aujourd'hui, il y a une autre vision des choses. On nous a débloqué suffisamment d'argent pour prendre en charge ce secteur. Une tranche de près de 23 milliards de centimes nous permettra de concrétiser une série d'actions, à savoir la création de sept nouveaux cimetières à même d'atténuer le manque crucial d'espaces que rencontrent les anciens cimetières. Les communes bénéficiaires sont Dély-Ibrahim (8,75 ha), son exploitation est prévue dans le courant du premier semestre de cette année, Birkhadem, Gué-de-Constantine, Bourouba, Eucalyptus, El-Harrach et El-Achour. Parallèlement, d'autres cimetières connaîtront des travaux d'extension comme El-Madania (au niveau de l'échangeur Khelifa-Oulmane, Aïn Benian vers la bordure de la RN11, El-Kettar s'étendra à proximité du ministère de la Défense”, poursuit-il. Par ailleurs, 17 cimetières vont pouvoir bénéficier d'aménagement dont on citera entre autres les deux cimetières chrétien et juif de Bologhine, d'El-Alia, de Ben Omar et la Croix (Kouba). Une enveloppe de 3 milliards de centimes est allouée à cet effet. Les 106 indus occupants d'El-Alia Beaucoup de cimetières continuent à abriter des familles qui s'y installent parmi les morts. Ce sont des indus occupants arrivés sur les lieux pour diverses raisons, mais qui, néanmoins, n'ont jamais été inquiétés par les autorités locales. On les trouve à Sidi Yahia, El-Kettar ou El-Alia. Et c'est au niveau de ce dernier cimetière qu'ils sont plus nombreux. Selon M. Djaknoune, il y a 106 familles qui sont toujours là et qu'il faut évacuer. “Bon nombre de ces familles a déjà bénéficié de lots de terrain, alors que la villa mitoyenne du cimetière appartient à une personne occupant une construction à l'intérieur des lieux sacrés. Nous avons présenté un dossier ficelé aux services de la wilaya qui n'a pas encore répondu à ce sujet”, précise-t-il. Le cas de Sidi Yahia où 33 familles ont squatté le cimetière est posé quant à lui d'une autre manière car n'étant pas géré par l'Egpfc. C'est la municipalité qui tergiverse sur le règlement de cette question. Pendant ce temps, les indus occupants, faute de réseau d'assainissement adéquat, font évacuer les eaux usées par des conduites passant à fleur des tombes. Il faut dire que ce cimetière est très mal entretenu. L'été dernier des tombes ont cramé à cause d'un feu allumé par des ouvriers inconscients dans le but de se débarrasser des herbes folles. À la question de savoir que compte faire cette Epic des tombes abandonnées, son DG fera noter que la wilaya a été saisie pour demander l'autorisation de les exploiter. Pour rappel, l'Egpfc gère 17 cimetières sur un total de 141 dont 106 cimetières musulmans, 35 chrétiens et 1 juif. Ils s'étendent sur une surface globale de 374 ha dont près de 50% sous contrôle de l'EGPFC (El-Alia, El-Kettar, Garidi, El-Madania, Bologhine). Notons enfin que selon la réglementation en vigueur, une tombe dite “familiale” est propriété de l'Egpfc après 5 ans et un jour. A. F.