Des experts universitaires, agriculteurs et élus réunis, hier, par l'APW de Tizi Ouzou, autour d'une journée consacrée à l'agriculture, étaient unanimes à qualifier d'échec de toute la politique agricole menée jusque-là par les pouvoirs publics en Algérie, en général, et dans la wilaya de Tizi Ouzou, en particulier. "Nous avons les rendements agricoles des années 30 dans le reste du monde", a conclu le Pr Moussouni de l'université de Tizi Ouzou, qui a présenté une communication où il a dressé un tableau noir du secteur en énumérant une douzaine de problèmes de fond qui caractérisent l'agriculture du pays. Pour cet universitaire, il n'est même pas question de parler de politique agricole lorsqu'il n'y a aucune politique nutritionnelle et tant que les structures administratives du domaine agricole ne sont pas transformées en agropoles par filières. "Sans cela, le marché des produits agricoles restera informel à 90%", a-t-il souligné tout en plaidant pour l'introduction des techniques d'amélioration de la productivité. L'orateur a pointé du doigt notamment le Plan national du développement agricole (PNDA) qui a été élaboré, a-t-il considéré, "sans aucune vision ni réel objectif, et qui demeure sans suivi, sans contrôle et surtout sans évaluation, alors que la plupart des filières, telles que le lait et la pomme de terre, sont toujours hors de contrôle". Par conséquent, a-t-il poursuivi, la facture alimentaire a augmenté de 600 millions de dollars durant ces dernières années et elle augmentera encore jusqu'à 800 millions dans les trois prochaines années pour atteindre 1 milliard de dollars au-delà de ces trois années. "Ce plan n'a pas permis la normalisation du produit agricole algérien, ce qui a, en conséquence, empêché même l'adhésion de l'Algérie à l'OMC", a-t-il déploré. Intervenant au sujet de la filière de l'huile d'olive, le professeur Douffen a expliqué que "la wilaya de Tizi Ouzou, à elle seule, peut prendre en charge la demande nationale en huiles essentielles, mais faute d'organisation et par manque de modernisation, la filière demeure artisanale et encore non compétitive sur le marché international". "50% de l'huile d'olive produite est impropre à la consommation en raison de son taux d'acidité induit par la durée de stockage des olives avant leur trituration", a-t-il souligné. Pour leur part, les agriculteurs présents ont décrit "un secteur agricole sinistré dans la wilaya de Tizi Ouzou" alors que le représentant de la Direction des services agricoles (DSA) a fait état d'un investissement de 7 milliards de dinars dans le secteur durant la période 2010-2014, en précisant que la production générée dans la wilaya ne représente que 2% de la production nationale agricole. S. L.