La société China Railway Construction Corporation (CRCC), en charge du projet de la pénétrante de l'autoroute Est-Ouest qui rattachera la wilaya de Bouira à celle de Béjaïa, en traversant la vallée de la Soummam, mène des travaux qui peinent à décoller. Bien que l'étude d'avant-projet sommaire ait été entamée en 2008, sur le terrain les choses se présentent "à côté des normes". En effet, des anomalies et entraves à la réglementation sont aujourd'hui constatées par tous sur le terrain. L'immersion dans les bases et chantiers du projet nous a amenés à découvrir de nombreuses surprises. Des engins et autres véhicules lourds, bulldozers et engins roulants dépassant 5 ans, circulent sans contrats d'assurance, ni vignettes et sans contrôle technique. Les chauffeurs ont même observé une grève, le mois dernier, afin d'alerter leurs responsables sur ce grave état de fait. L'autre constat a été relevé chez le groupement Rahim sécurité, dont les agents sont chargés de la sécurité sur les sites du projet, qui vient de résilier son contrat pour non-payement, depuis plus de six mois, des factures de ses prestations par CRCC. Par ailleurs, plusieurs sous-traitants de camions et engins ont abandonné les chantiers pour cause d'important retard de payement. Du côté de CRCC, on évoque subtilement l'argumentaire du "manque de budget et le problème de l'expropriation et d'indemnisation des riverains au tracé". Et ce n'est pas tout. Des entraves à la réglementation et au code du travail sont décelées, notamment dans le mode de payement des ouvriers. En effet, ces derniers se retrouvent même rémunérés en espèces, à l'instar de ce qui se fait à la base de Semaoun, dans le bureau du responsable des ressources humaines de la société chinoise (CRCC) où on leur remet des enveloppes. Dans ce sillage, avec toutes ces anomalies relevées, les chantiers se voient de plus en plus manquer de main-d'œuvre, ce qui se répercutera inéluctablement sur les délais de réalisation. Car au regard du volume de travail qui reste à exécuter sur le terrain, les oppositions sporadiques qui surgissent ici et là, le manque d'ouvriers dont se plaint (CRCC), il est fort à parier que les 36 mois fixés depuis 2013 comme délai contractuel ne suffiront pas malgré la bonne volonté de la DTP de Béjaïa. A. H.