Transcendé sans doute par l'euphorie de l'exploit retentissant contre la Tanzanie et surtout par le sentiment jouissif d'avoir pris une belle revanche sur le sort, le coach national, Christian Gourcuff, était d'une humeur plutôt joviale à la fin du match. Une allégresse tranchant radicalement avec la mine abattue de Dar es-Salam qui a failli l'éjecter précocement de la sélection algérienne Et dans cette ambiance empreinte d'alacrité pour reprendre l'expression chère au président français, François Hollande, Gourcuff s'est laissé aller à des petites concessions en forme de grand mea culpa. "J'ai fait une erreur lors de mon arrivée en Algérie, je n'aurais pas dû parler d'un système de jeu en 4-4-2". Nuance, Gourcuff n'a pas fait qu'en parler en vérité, il a mis en place ce système de jeu, puisqu'il s'agit là de sa philosophie du football, avec plus ou moins de succès en début notamment des éliminatoires de la CAN-2014, mais avec des couacs lors de la phase finale de la CAN en Guinée équatoriale, avant le grand naufrage en première période de Dar es-Salam. Pour colmater les brèches, en défense surtout, Gourcuff a eu l'ingénieuse idée de "réajuster" pour reprendre son expression, sa tactique, passant d'un 4-4-2 passoire en un rigide 4-1-4-1 avec le retour de Medjani dans le rôle de sentinelle juste devant la charnière centrale. Du coup, les Verts parviennent à raviver l'espoir en Tanzanie avec les deux buts en seconde période de Slimani et inflige une sévère correction à Blida aux Tanzaniens. C'est bien, très bien même, le technicien français, un tantinet inflexible, s'est résolu à abandonner son sacro-saint 4-4-2. Seulement, voilà, la tactique n'est pas inédite au sein de la sélection algérienne. Elle a déjà fait le bonheur et la réussite d'une certain Vahid Halilhodzic, auteur de la qualification historique au second tour du Mondial-2014 au moment même où, à partir du Brésil, Gourcuff chuchotait déjà qu'il n'opérait jamais pour un système de jeu similaire. "L'Algérie gagnerait à jouer en 4-4-2", s'exclame-t-il, avant même de rejoindre son poste. En fait, Gourcuff a mis une année complète pour comprendre ce que Halilhodzic a pigé du premier coup. Ce que l'ex- coach de Lorient appelle réajustement tactique n'est en fait qu'un changement de fusil d'épaule, un retour aux sources, certes, gênant, mais inéluctable. À la bonheur et pourvu que cela dure ! S. L.