40 artisans qui vivaient de la vente de leurs produits se trouvent au chômage après la décision du wali d'Alger mettant fin à leur activité considérée illicite. Cette décision a été prise dès son installation pour le motif que les artisans n'exerçaient pas dans un cadre réglementaire. Le premier responsable de la wilaya avait décidé en septembre dernier de mener une lutte sans merci contre le marché informel et de rendre à la capitale son statut de ville propre, à travers un programme d'interventions régulières confié aux différents organismes compétents. Toutefois ces artisans affirment avoir tous des autorisations délivrées à l'époque du défunt gouvernorat de Chérif Rahmani. Ces attributions, que ne cessent de brandir les intéressés, précisent que ces derniers sont autorisés à occuper cet espace faisant face à la Grande Poste pour exposer et vendre leurs produits d'artisanat. “Durant plus de six ans nous avons toujours respectés les règles régissant notre activité. Ces lieux, contrairement à ce que peuvent penser les autorités, n'ont jamais été à l'origine d'un quelconque désagrément pour la population. Mieux, nous avons apporté une animation particulière en proposant aux passants, surtout les touristes, les produits de notre imagination. Cela se fait sur toutes les places du monde”, observent-ils. À présent ces artisans qui se retrouvent au chômage, depuis plus de quatre mois ne savent plus quoi faire pour subvenir aux besoins de leurs familles nombreuses. “Certains d'entre nous ont deux familles à charge”, intervient l'un d'eux. Pour eux, il s'agit d'une décision arbitraire et discriminatoire sachant que l'activité qu'ils exercent convient parfaitement aux espaces ouverts comme c'est le cas de la Grande Poste. “Nous avons fait de notre mieux pour préserver cet endroit. Nos collègues ont payé de leur sang en 2001 suite à l'acte terroriste ? Parmi nous, il y a des camarades qui sont devenus handicapés à vie”, ajoutent nos interlocuteurs. L'association Art et Métiers de la wilaya d'Alger a pour sa part saisi le wali d'Alger sur cette affaire. Elle sollicite son intervention pour permettre aux quarante artisans de reprendre leurs activités, d'autant plus que de l'autre côté de cette place d'autres vendeurs sont venus s'installer sans pour autant être inquiétés par cette décision. Il est vrai que l'instruction du wali d'Alger reste aux yeux de l'opinion énigmatique. Sinon comment expliquer que beaucoup d'autres espaces continuent à être squattés en toute impunité par des vendeurs à la sauvette. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Les cas de la rue Bichat, mitoyenne à l'hôpital Mustapha, Ferhat Boussaâd (ex-Meissonniers) sont frappants, ils dénotent même une complicité des services compétents, vis-à-vis des vendeurs qui ont fini par s'imposer sur les lieux. Les riverains, les commerçants et les usagers de ces rues ont abdiqué depuis longtemps déjà. Les désagréments qui leur sont causés quotidiennement sont rentrés dans les coutumes de ce quartier, clochardisé par la force des choses, même les services de contrôle de la qualité n'osent plus s'y aventurer, laissant libre cours à ces petits commerçants n'ayant cure de la santé des consommateurs. Quant à ceux qui essayent de gagner leur vie proprement, dans le sens le plus large du mot, en payant les droits de location et les impôts, la place de la Grande Poste leur est interdite. Ils connaîtront la raison, un jour probablement. A. F.