Qui pourrait mieux narrer, relater, parler de la vie de Mourad Didouche sinon ses amis intimes, ses camarades. Ceux qui l'ont vu grandir, alors qu'il activait secrètement au sein du PPA, déjà tout jeune adolescent qu'il était. Ils étaient là, lundi dernier à l'hôtel El Djazaïr, à la soirée commémorative organisée par l'APC d'El Mouradia à l'occasion du 50e anniversaire de la mort du chahid. Les anciens de la Redoute, Cheikh Ahmed, Kaci Abdallah et beaucoup d'autres encore de la rue des Mimosas avaient le verbe fougueux pour témoigner, avec une grande émotion, des qualités de ce héros de la Révolution qui s'éveilla très tôt au nationalisme, motivé en cela par sa profonde connaissance des réalités tragiques de la situation du peuple algérien sous la domination coloniale. Propriétaire d'une boulangerie, son père n'hésitait pas, un seul instant, à porter aide et donner du pain aux gens du quartier. Dès 1946, “Si Abdelkader” dit “Petit” participe activement à la campagne électorale dans le Constantinois, qui vit le triomphe du MTLD. Né en 1927 à la Redoute, il ne peut s'empêcher, en dépit du peu de temps dont il disposait, eu égard à ses activités nationalistes, de créer un groupe scout “El Amel”, dirigé par le chahid Debbih Cherif, et une association sportive le Rapid athletic musulman d'Alger (Rama) qui active dans la Fédération sportive des travailleurs (Fsgt) rassemblant beaucoup de clubs de l'Algérois, dont la majorité était européennes. Il était un grand sportif. Il pratiquait la gymnastique dès l'âge de huit ans, ce qui lui valut de faire partie des champions de l'époque. Naturellement, Didouche Mourad figurait parmi les principaux dirigeants de l'OS. En 1948, il assura la périlleuse mission d'organiser l'OS dans le Constantinois, qu'il sillonna de part en part, sous le pseudonyme de “Si Abdelkader”. En 1950, lors de la découverte du complot, il fut recherché en tant que chef dangereux et condamné en 1951 à dix de prison ferme par contumace. Il fut l'un des principaux rédacteurs de la proclamation du 1er Novembre 1954. Le 18 janvier 1955, à Condé Smendou au douar Souadek (Nord Constantinois) au cours d'une journée de combat acharné ; il tomba glorieusement. Il n'avait pas 28 ans. A. F.