L'Association pour l'émancipation de la femme (AEF) a applaudi la validation, jeudi dernier, par le Conseil de la nation, de la loi contre les violences faites aux femmes. "C'est une réponse positive à nos attentes, après tant de souffrances, après le drame odieux de Razika ! C'est une avancée pour les femmes algériennes contre une violence planétaire, c'est d'ailleurs la première loi de ce genre dans notre région du monde ! C'est aussi un succès pour nos luttes, un encouragement ! Dans les années 2000, nous avons mené une campagne contre le harcèlement sexuel au travail, dans les années 2010, nous avons demandé une loi-cadre sanctionnant les violences faites aux femmes", s'est-on félicité. La déclaration de l'association, signée par sa présidente, Soumia Salhi, a ainsi souligné le changement du regard de la société par rapport aux femmes entraîné par l'affaire Razika, qualifiée de martyr par la rédactrice de la déclaration : "Le martyre de Razika a révélé que le regard de la société est en train de changer, que désormais, on reconnaît aux femmes le droit de circuler dans l'espace public, même loin des grandes villes, qu'on lui reconnaît le droit à la dignité." En effet, Razika, cette jeune fille de Magra, dans la wilaya de M'sila, assassinée en novembre dernier dans la rue par un dragueur parce qu'elle a refusé ses avances, suscitant émoi et consternation à travers les quatre coins du pays et dont le cri de sa famille a été porté à bras le corps sur les réseaux sociaux, est devenue en l'espace de quelques jours un des symboles du combat féministe en Algérie. L'Association pour l'émancipation de la femme, qui n'a pas manqué de soulever les insuffisances qui persistent encore dans le dispositif de protection des droits de la femme, à l'instar de la clause du "pardon", a indiqué que le combat pour l'émancipation de la femme devrait se poursuivre. "Le combat contre les violences est encore long. Il se mènera dans la société, sur le terrain, pour faire reculer encore plus les mentalités patriarcales et les préjugés sexistes. Il y a aussi le combat pour abroger le code de la famille, pour l'égalité lors du mariage et du divorce, etc. Il y a aussi le combat pour l'accès massif au travail, pour l'égal accès aux postes de responsabilité. Et nos combats ne pourront faire l'économie de la lutte contre la précarité qui favorise le chantage et pour un développement qui assure les possibilités de promotion sociale", a-t-elle conclu. Il convient en tout cas de rappeler que cette loi contre les violences faites aux femmes, renforçant le code pénal en la matière, a souffert pendant plusieurs mois dans les tiroirs du Parlement, d'abord à l'Assemble populaire nationale (APN) et ensuite au Conseil de la nation à cause de l'hostilité des représentants conservateurs du peuple. Les déclarations publiques ayant marqué le débat autour de cette loi ont frôlé la violence verbale, traduisant un machisme ancré dans les mœurs de la société algérienne que cette loi ne bannira pas de sitôt. R. N.