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La déchirure
Publié dans Liberté le 24 - 01 - 2005

RESUME : Fatima est déçue du choix de son fils, vu qu'elle sait ce qu'il veut. Farida est trop jeune pour lui. Elle les imagine mal ensemble. Elle en discute avec Zahera. Cette dernière a une autre opinion sur le sujet. À ses yeux, Salim est un bon parti…
Salim, tu devrais prendre tout ton temps pour te décider, lui conseille sa mère. Cette fille est trop jeune pour toi et ne répond pas à ce que tu attends.
Fatima espérait que son fils l'écouterait. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il ait eu le coup de foudre pour Farida.
- Elle a tout ce que je veux.
- Il n'y a pas longtemps, tu parlais de hidjab, de prière et de soumission, lui rappelle-t-elle. Elle est loin d'aspirer à ces choses. Elle doit s'imaginer vivre un conte de fée. Se marier avec un cousin puis aller vivre en France. C'est le rêve de toutes les filles ambitieuses.
- Pourquoi pas ? Le problème se pose où, pour toi ?
- Je ne sais pas. Je te connais, murmure Fatima. Rien ne peut t'arrêter quand tu veux quelque chose. Le problème ? reprend elle. C'est qu'elle est comme toi. Elle ne se laissera pas faire.
- Ce n'est pas ton problème, rétorque Salim. Si tu restes pour moi, c'est du temps de perdu. Tu devrais rentrer.
Même si elle a envie de rester, elle décide de partir. Elle ne veut pas assister à ce qui va se passer. Elle le sait déjà. La famille de Farida allait insister pour qu'il fasse la demande en mariage officiellement puis qu'ils se marient rapidement. Farida et Salim ont le même caractère. Ils ne s'entendront jamais.
Elle ne serait jamais témoin de l'échec de leur relation. Car elle est condamnée à l'avance. En les prévenant du mauvais caractère de son fils, elle voulait leur éviter des souffrances et des déceptions. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'ils le prennent mal. Salim la regarde d'un mauvais œil. Fatima décide de ne pas s'attarder. Elle risque de se quereller avec lui et refuse qu'ils se donnent en spectacle devant eux. Elle connaît les colères terribles de son fils et n'a pas envie d'en revivre une maintenant.
- Je vais à Ighil, pour leur dire au revoir, lui dit elle. Après, je partirai. S'il y a du nouveau, appelle moi !
- Rentre bien !
Fatima ne tarde pas chez sa marâtre. La nouvelle de son départ parvient vite aux oreilles de ses cousins et amis. Tous viennent lui souhaiter un bon retour. Les seuls à ne pas venir sont les parents de Farida. Fatima ne regrette pas d'avoir été franche. Leur absence lui révèle à quel point ils sont attachés à Salim et au projet de marier leur fille.
Le jour de son départ, son fils apparaît enfin et c'est lui qui l'emmène à l'aéroport. Ils ne se disent pas grande-chose en route, tous deux sont pensifs.
Fatima, qui a les larmes aux yeux, évite le regard de son fils. Même au moment d'embarquer.
- Je vais revenir maman, lui dit-il. Il ne faut pas être triste.
- Je ne le suis pas. J'ai seulement de la peine, répond-elle avant de suivre le flot de voyageurs.
Salim retourne au village et s'en va trouver Farida qui suit un cours d'informatique au centre culturel du village. Le prof étant absent, les jeunes en profitent pour effectuer des recherches sur internet ou jouer. Farida est aussi là et semblait l'attendre. Salim est tombé amoureux d'elle au premier regard échangé. Il ignore cependant si elle l'aime autant qu'elle le prétend.
Suivant les conseils de sa mère, la jeune fille lui parle de son père.
- Il t'apprécie beaucoup, lui dit-elle. Même maman t'adore.
- C'est réciproque, répond Salim. Qu'est-ce que tu penses de te marier avec moi ?
- Que du bien. Mais il faudra que tu en parles à mes parents, répond Farida. Les choses doivent se passer selon les traditions.
- Aucun souci, sur ce point. Seulement, j'ai des conditions. Je suis intraitable sur certains points…
(À suivre)
A. K.
[email protected]


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