RESUME : Djamila a une surprise en rentrant chez elle. Ses enfants sont là, pour fêter son anniversaire. Elle a cinquante et un ans. Mais elle ne les fait pas. Son fils le lui a dit. Elle se rappelle le regard de Madjid. Il devait croire qu'elle était de sa génération. La fête avait duré jusqu'à tard dans la nuit. Djamila et ses enfants avaient préparé le dîner ensemble. Salim la surprendra encore en lavant la vaisselle. Elle avait oublié qu'il a son propre appartement et qu'il devait s'occuper de tout lui-même. - Ta femme sera gâtée, lui dit-elle. Tu sais tout faire. - Oui. Salim se détourne. Djamila voulait lui demander s'il a quelqu'un dans sa vie mais elle ne veut pas le mettre dans la gêne et se retient. Lorsqu'il tombera sur la femme avec qui il voudra partager sa vie, il la préviendra. Elle en est sûre. La fin de la nuit se passe tranquillement. Comme ils doivent tous repartir au petit matin, ils se couchent dès qu'il n'y a plus aucune trace de la fête surprise. Si ses enfants s'endorment rapidement, Djamila n'y parvient pas. Elle est la première levée le lendemain matin. Elle prépare du café puis va réveiller ses enfants, comme du temps où ils étaient jeunes. Le fait de les trouver debout la fait rire. - Quand vous êtes ici, j'ai l'impression que vous êtes encore petits et que je dois vous réveiller et tout. - À t'entendre, lui dit sa fille Nadia, tu regrettes ce temps. - Peut-être ? Les enfants ne tardent pas. Après avoir pris leur petit-déjeuner, ils partent. Djamila est émue jusqu'aux larmes. Elle les suit dehors et leur fait signe quand ils se tournent. De retour à la maison, elle se prépare à son tour à se rendre au cabinet médical. Elle vient à peine de prendre place à son bureau quand on sonne. - Un malade à cette heure-ci, remarque-t-elle. Sauf si c'est une urgence. Quelle surprise lorsqu'elle découvre Madjid. Elle pense que son père a encore eu des complications. - Il a mal ? Son œil est rouge ? l'interroge-t-elle. - Non, non, la rassure-t-il en entrant. Je voulais vous voir. Djamila s'efforce à ne pas sourire même si elle en a envie. - Je ne vois pas pourquoi ? - Parce que je n'ai pas cessé de penser à vous, ose-t-il lui dire. J'avais remarqué que vous ne portiez pas d'alliance. Djamila se détourne pour qu'il ne voie pas la rougeur de ses joues. Elle est sans voix. Ainsi, elle n'avait rien imaginé la veille. Et la présence du jeune homme confirme les dires de son fils. Elle fait plus jeune que son âge et cela est en train d'induire en erreur Madjid. Il est là, à la regarder, avec des lueurs dans les yeux. - Je suis veuve, répond-elle. - Désolé. Même si cela m'arrange beaucoup, dit le jeune homme. Je suis venu vous inviter à déjeuner. - Mais vous êtes fou ! réplique-t-elle. Je suis veuve et une femme respectable. Qu'est-ce qui vous a fait croire que je pourrais accepter ? - Je voulais vous convaincre d'accepter, dit-il. Parce que j'ai mille et une raisons de vouloir vous avoir à ma table. - Donnez-moi une raison valable. - Depuis hier, je suis convaincu d'avoir trouvé la femme de ma vie, répond-il. Je n'ai pas dormi de toute la nuit. Votre image ne m'a pas quitté. Je crois même que je vous aime. Djamila ouvre la porte et lui fait signe de sortir. Il en a trop dit. Il a réussi à la troubler. Elle ne veut pas qu'il le voie. (À suivre) A. K. [email protected]