Le Premier ministre, qui s'est mis à la diète médiatique depuis quelques semaines, a profité de sa sortie à Sétif pour réaffirmer son autorité en tant que chef de l'Exécutif déterminé à secouer l'immobilisme. Visiblement ébranlé par les rumeurs sur son incapacité à avoir de l'emprise sur certains ministres, notamment celui de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb, ou encore par les commentaires qui ont accompagné son silence sur les péripéties qui ont entouré l'adoption de la loi de finances 2016, Abdelmalek Sellal a tenu, depuis Sétif, à réaffirmer son "pouvoir" et à "défendre", contre vents et marées, les options de l'Exécutif malgré les mises en garde de l'opposition sur leurs conséquences sur la paix sociale. "Le gouvernement est concentré sur l'accomplissement de sa mission et n'accorde pas d'intérêt à ce qui se dit çà et là", a affirmé, hier, le Premier ministre à Sétif, deuxième ville la plus importante du pays par sa population. En décodé, le Premier ministre cherche à accréditer la thèse, qu'en dépit de quelques "ratés" de ses ministres et quelques cacophonies sur certains dossiers, l'Exécutif demeure homogène et discipliné et qu'il applique à la lettre la feuille de route inspirée du programme du président de la République. D'ailleurs, il ne manque pas de suggérer, en termes sibyllins, que les changements opérés récemment, allusion peut-être au "départ à la retraite" du patron du DRS, le général-major, Mohamed Mediène, et autres événements qui agitent la scène politique nationale, participent d'une volonté d'aller à des changements. Et qu'à ce titre, autant sur le plan sécuritaire qu'économique, les Algériens n'ont pas à se faire de soucis malgré la crise que les autorités, sourdes aux alertes de l'opposition et après l'avoir ignorée depuis plusieurs mois, l'admettent désormais ouvertement. "L'Etat algérien maîtrise la situation. Les Algériens doivent se rassurer définitivement parce que la politique du président de la République est contre l'immobilisme", a indiqué Sellal à la presse alors qu'il inspectait le projet d'extension de la cimenterie d'Aïn El-Kebira. À ceux qui critiquent les orientations de l'Exécutif et la loi de finances, le message étant destiné sans doute à l'opposition, Abdelmalek Sellal se veut pragmatique : "Le défi aujourd'hui est de surmonter la crise, bâtir une économie diversifiée, forte et juste. Nous n'avons pas d'autre choix : changer et se réformer ou subir et se soumettre." "On ne peut pas rester en marge, ni ignorer les bouleversements et les transformations que connaît l'économie mondiale. Nous sommes condamnés à nous adapter à la tendance mondiale ou à en subir les affres et les conséquences", a-t-il dit dans des propos repris par l'APS. "Nous avons décidé de nous réformer et d'avancer, au lieu de rester dans l'immobilisme et à dilapider nos ressources pour recourir, par la suite, à l'endettement du Fonds monétaire international (FMI)", martèle-t-il. Comme pour soutenir que le gouvernement ne lâchera pas la proie pour l'ombre, Abdelmalek Sellal soutient que les mesures prises sont inévitables. "La réorientation de l'économie nationale est une nécessité et une exigence imposée par la conjoncture économique internationale. Nous sommes condamnés à engager rapidement des réformes profondes pour mettre les jalons d'une économie compétitive et diversifiée, capable de sortir le pays de la dépendance aux hydrocarbures", dit-il avant d'ajouter : "Les mesures prises depuis la chute des prix du pétrole visent à protéger l'économie nationale et à lui donner un nouveau souffle, tout en préservant les acquis sociaux des citoyens." "L'enjeu est de faire de l'Algérie un pays émergent durant les deux prochaines années. Il s'agit d'un objectif et d'un challenge qu'on doit réussir ensemble : gouvernement, acteurs économiques et citoyens", conclut-il.