Pour eux, le changement de couleur va affecter la valeur marchande de leur véhicule, en plus d'être une décision prise unilatéralement par les responsables de la wilaya d'Alger. Au siège de l'Union nationale des chauffeurs de taxi sise à la gare routière du Caroubier, ils étaient fort nombreux, hier, à manifester leur colère contre ce qu'ils qualifient "d'aberration". Partir à leur rencontre nous a permis de recueillir des témoignages de colère et surtout "un ras-le-bol" d'une représentation syndicale, qui, à leur avis, "est devenue l'ombre d'elle-même". Agglutinés devant la porte "très fermée" de l'Union, les chauffeurs de taxi n'ont pas hésité à nous faire part de leur inquiétude et de leur "intention de monter d'un cran dans la fronde" s'ils ne sont pas entendus. "Ces gens-là ne nous représentent pas. Et nous sommes contre toutes les décisions qui sont prises par ces pseudo-syndicalistes". "Ils n'ont aucune légitimité à nos yeux", ont-ils dénoncé au comble du désespoir d'une situation qui s'avère être intenable selon leurs affirmations. La goutte qui a fait déborder le vase réside dans la décision d'habiller leurs vehicules en orange et noir. Cette décision en plus du port d'uniforme (tenue vestimentaire) a été, en effet, prise d'un commun accord avec les trois organisations (UNACT-UGCAA-et SNTT /UGTA) lors de la réunion tenue le 23 novembre dernier avec le wali d'Alger et en présence du directeur des transports de la wilaya d'Alger selon un communiqué parvenu hier à notre rédaction émanant de la direction des transports de la wilaya d'Alger. Ce même document ajoute : "Nous, les trois organisations UNACT - UGCAA et SNTT/UGTA, déclinons toute responsabilité de ces attroupements des chauffeurs de taxi initiés par des pseudo-syndicalistes et que ces derniers endossent l'entière responsabilité en cas de dérives qui peuvent engendrer des conséquences fâcheuses." Il paraît clair que la situation ne fait que se corser depuis plus d'une semaine et révèle que des chauffeurs de taxi sont loin de se laisser convaincre et leurs récits en disent long sur un malaise profond. "Comme si les problèmes ne manquaient pas pour venir nous pénaliser davantage", nous a déclaré un chauffeur de taxi parmi tant d'autres, hier, devant le siège du syndicat. Très remontés, ils ont menacé de recourir à la grève et dénoncent un parti pris, selon eux, loin d'être innocent. "Nous ne comprenons pas pourquoi de telles décisions sont prises sans consultation avec les concernés et ils osent prétendre que c'est d'ordre organisationnel pour identifier les vrais des faux chauffeurs de taxi comme si cela avait un sens. Or, tout le monde sait qu'il existe les chauffeurs de taxi et les clandestins et c'est tout. Alors ce n'est pas la peine de prendre les gens pour des dupes et d'inventer des excuses bidon." Ils expliquent : "Nous ne refusons pas, par manque de bonne volonté de notre part, de respecter les lois ou les décisions de notre tutelle mais encore faut-il que cela obéisse à une logique et ne nous porte pas préjudice." Et d'insister : "Nous payons nos véhicules très cher et nous trimons pour rentabiliser notre investissement et gagner notre croûte. Mais cet habillage va diminuer la valeur de notre véhicule." Les chauffeurs de taxi proposent d'autres solutions en alternative et vont jusqu'à soupçonner une transaction douteuse à propos de ce marché. "Pourquoi seulement sept entreprises ont été choisies pour appliquer cet habillage ?", s'interrogent-ils faisant remarquer que "ce marché représente beaucoup d'argent vu que le prix est fixé à 15 000 DA et au-delà d'une certaine dimension ils commencent à compter au mètre. Un habillage peut atteindre les 30 000 DA qu'il faudra multiplier par 28 000 véhicules et je vous laisse faire le compte...". Le premier vice-président de l'UNACT en la personne d'Aziouez Boukeroun n'a pas manqué, pour sa part, d'exprimer son soutien indéfectible aux chauffeurs de taxi qui revendiquent "la suppression de cette décision". Il dira, à l'occasion : "Après avoir constaté le nombre très important des chauffeurs de taxi présents aujourd'hui pour exprimer un mécontentement général et refusant catégoriquement l'habillage des taxis, l'UNACT se démarque de cette décision." Il en est, pratiquement, de même pour Salah Souileh, SG de l'UGCAA, qui, joint par téléphone, nous a assurés, hier, "ignorer tout accord avec la direction des transports quant à cette décision". Il soutiendra : "Je me demande si les hauts responsables du secteur sont au courant ? Cela ne plaît pas du tout aux chauffeurs de taxi et je les comprends très bien. Il est d'ailleurs étonnant que l'on puisse décider d'une couleur noire avec une bande orange pour représenter les taxis. Toujours est-il que tout reste matière à discussion". N. S.