Notre équipe nationale ne participera pas à la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations. Elle est également éliminée de la Coupe du monde. L'entraîneur national est démis de ses fonctions, jouant encore une fois le rôle de fusible, que certains journalistes au talent de techniciens avérés, après coup, n'hésitent pas à rendre responsable de la gabegie de notre sport-roi. Pourtant, Ali Fergani, que j'ai eu le plaisir de côtoyer comme joueur en équipe nationale, est un monsieur respectable, expérimenté, et qui aurait certainement pu réussir dans d'autres conditions. Son tort est, peut-être, d'avoir accepté de prendre des risques, en dirigeant une équipe aux chances de succès très minimes et de s'exposer ainsi à “ramasser” les échecs de tous ceux qui l'ont précédé. Il faut tout de même rappeler que Fergani est le sixième entraîneur national à avoir été “usé” uniquement pendant le mandat de l'actuel président de la FAF, sans pour autant obtenir une quelconque amélioration de la performance de notre EN. Il faut rappeler également que la descente aux enfers de notre football ne date pas de l'ère Raouraoua, mais remonte déjà à plus de 15 ans. Il est donc clair que le mal ne se situe ni dans le choix de l'entraîneur ni même dans le profil du patron de la FAF. Le problème de notre sport-roi réside dans l'absence totale d'une politique à long terme que les responsables qui se sont succédé à la tête du secteur de la jeunesse et des sports n'ont pas su ou voulu aborder. La recherche du résultat immédiat, pour des raisons souvent populistes, a gangrené les esprits au point où même, au niveau des “grands” clubs nationaux, les dirigeants négligent totalement la formation au profit de faiseurs de résultats immédiats. Pourtant, la commission de réflexion sur le football (dont j'ai fait partie), installée par Mouldi Aïssaoui en 1998, avait déjà tiré la sonnette d'alarme et proposé de faire l'impasse sur le présent au profit d'une politique d'avenir basée sur la formation et la prise en charge des jeunes catégories (sélections cadettes essentiellement). Malheureusement, le travail élaboré par les membres de cette commission a rejoint le “tiroir des oubliettes”, faisant perdre à notre football 7 années qui auraient certainement permis l'amélioration de la performance et de l'image de cette discipline phare. Il me semble tout à fait inutile d'accabler les entraîneurs et illusoire d'attendre de meilleurs résultats, tant que les responsables politiques ne sont pas décidés à investir sur le long terme. La prise en charge de notre football recommande une pause compétitive internationale. Les prochains dirigeants devront s'atteler à : 1 - redéfinir les critères d'accès aux postes de responsabilités au niveau des clubs, ligues et fédérations, afin de barrer le chemin aux opportunistes qui cherchent plus à se servir du football qu'à le servir ; 2 - promouvoir la formation et le développement du football au niveau des jeunes catégories. De larges prospections et sélections devraient nous fournir un vivier intéressant en joueurs talentueux, qui ne manquent pas dans notre pays. Ces jeunes devraient bénéficier des moyens les plus appropriés (staff technique, participation à des tournois internationaux, etc.), afin de les préparer physiquement, techniquement et psychologiquement à la performance ; 3 - développer les infrastructures sportives afin de permettre aux joueurs d'évoluer dans des conditions acceptables ; 4 - favoriser la progression scientifique de nos jeunes entraîneurs et arbitres diplômés, en les confrontant aux expériences internationales. Si l'échec de notre football, à travers l'élimination de notre équipe nationale, est difficile à avaler, il faut savoir le positiver en en tirant les conséquences utiles pour redéfinir la stratégie politique relative au sport-roi. Le professeur Yahia Guidoum me semble arrivé au bon moment à la tête du secteur de la jeunesse et des sports. Connaissant sa rigueur et son intelligence, je reste persuadé qu'il saura impulser la stratégie nécessaire pour que notre pays retrouve la place qu'il n'aurait jamais dû perdre, au plan sportif, en général, et en football particulièrement. J'espère que les résultats peu honorables obtenus cette année (jeux Olympiques, Coupes d'Afrique et du monde de football) constitueront le déclic pour une prise de conscience utile à la redynamisation de notre sport. Un HCE football serait peut-être utile à envisager au niveau de la FAF, pour 2 ou 3 années. R. H.