Résumé : Selma prétexte à son fils que son grand-père est trop faible pour recevoir de la visite. Elle veut être seule avec lui, et décide de sortir. Elle lui offre des vêtements et une voiture télécommandée. Ses pas les mènent chez elle. Elle espère que ses beaux-parents n'ont pas changé la serrure... Pendant ce temps-là, Lyès et sa tante ont rendu visite à son père, mais le médecin les prie de le laisser se reposer. Lyès voudrait rester à son chevet, mais son neveu se charge de veiller sur lui. Il le remplacera demain, promet Lyès. Ils retournent chez sa tante. Yasmina les accueille et leur propose de passer à table, mais Lyès n'a pas faim. Il remarque le silence de la maison. -Samir n'est pas encore réveillé ? Où est Selma ? -Ils sont sortis, répond Yasmina. Elle voulait être seule avec son fils ! Tu sais, je suis surprise par le comportement de Samir, c'est comme s'ils ne s'étaient jamais séparés ! -L'amour d'une mère pour son enfant ne meurt jamais ! Il est indélébile ! Si elle avait pu s'assumer, elle ne l'aurait jamais abandonné, dit Lyès. Elle était jeune alors ! -Elle ne pouvait pas compter sur toi, sur sa mère... Toi, tu dépendais encore de ta famille, dit Yasmina qui ne voulait pas le culpabiliser. Au fait, l'appartement est vide ! Tes parents ne l'ont jamais occupé ! -Vous pourriez y vivre, dit Djouher. Vous ne serez pas loin de vos familles ! De ton père... Il aura besoin de toi Lyès ! -J'ai ma vie maintenant ! Et tu sembles oublier que je viens de retrouver Selma, lui rappelle-t-il. Elle n'acceptera jamais ! Je ne veux même pas penser à le lui demander ! Elle a tant souffert ! -Oui, je sais, mais maintenant, la vie vous a endurcis ! Personne ne pourra nuire à vos retrouvailles, insiste sa tante. Je ne te demande pas de la ramener chez tes parents, mais puisque l'appartement est inoccupé, pourquoi ne pas en profiter ? Réfléchis à la question ! -Je ne sais pas, avoue-t-il. Je lui en parlerais un jour, mais pas maintenant, je ne la forcerai pas ! -Je ne te demande pas de la forcer ! Elle a grandi et mûri, normalement, elle devrait comprendre... Mais puisqu'on parle d'elle, ajoute Djouher en fronçant les sourcils, où peut-elle avoir emmené Samir ? Ils ne peuvent pas traîner dehors par ce froid ! C'est de l'inconscience ! Lyès panique un peu, mais il ne le montre pas. -C'est normal qu'elle veuille rester avec lui, dit-il. Je pense savoir où la trouver... En fait, une fois dehors, il marche au hasard dans les rues du quartier. Il pense à Samir. D'après Yasmina, leur rencontre s'était bien passée. Il avait toujours parlé en bien de Selma pour qu'il ne la rejette pas. Dans toutes leurs photos, elle était absente. Quand elle verra les albums, elle constatera qu'il a laissé de la place pour ajouter la sienne. Il a toujours espéré la retrouver. Maintenant qu'ils se sont retrouvés, plus rien ne pourra les séparer. Ses pas le mènent au vieux quartier, là où Selma et sa mère avaient vécu. Ses parents avaient eu l'idée folle de s'approprier l'appartement, leur prenant l'unique toit qu'elles avaient, uniquement pour s'assurer qu'elles ne subiront pas l'affront et l'humiliation. En fin de compte, Selma était partie au bout d'une année, et sa mère avait trouvé refuge chez sa sœur. Levant les yeux vers l'étage qui devait être inoccupé, il voit les volets ouverts. S'il n'a pas été loué, peut-être que des voyous le squattent. Pour s'assurer qu'il n'en est rien, il décide de monter. En frappant quelques minutes plus tard, il s'attend à trouver n'importe quel intrus sauf Selma et Samir. Elle est aussi surprise que lui. Tout en le laissant entrer, elle lui demande : -Tu as demandé à quelqu'un de m'espionner ? -Non, non ! Samir arrive avec sa voiture. Lyès le prend dans ses bras. -Ah papa, tu es là ! Je suis si content ! Tu as ramené maman ! Tu as tenu ta promesse ! Est-ce qu'on va rester ici ? Lyès l'embrasse et le serre fort dans ses bras. Mais il le repose vite et se détourne pour qu'il ne voie pas ses larmes. Même s'il a retrouvé sa femme et qu'ils formeront une famille, il a perdu sa mère, et son père est toujours entre la vie et la mort ! (À suivre) A. K.