Protestant pacifiquement contre la loi de finances 2016, une centaine de personnes a observé, hier matin, un sit-in devant le théâtre régional Azzedine-Medjoubi d'Annaba, avant de se disperser dans le calme à midi trente. Les manifestants, qui brandissaient l'emblème national et des banderoles portant des inscriptions hostiles à ladite loi, se sont rassemblés à hauteur du parvis de l'édifice vers 11 heures, sous la surveillance discrète de policiers. Certains manifestants ont déclaré avoir répondu à un appel lancé par Karima Belhaoues, une internaute résidant dans la ville de Constantine et y avoir souscrit, convaincus de la nécessité de s'opposer aux mesures contraignantes contenues dans la loi de finances adoptée. Nos interlocuteurs ont ajouté qu'ils ont participé par pur patriotisme à ce mouvement de protestation, mais ils ont insisté pour que l'on ne se méprenne pas sur leurs intentions, assurant que leur démarche n'a aucune connotation politique ou politicienne. "Nous prétendons tout simplement défendre nos droits en tant que citoyens de ce pays contre les dispositions de ce texte, qui légalisent la spoliation des Algériens du minimum vital en favorisant les gens fortunés", se sont indignés quelques-uns d'entre eux, en signalant que le pouvoir d'achat des citoyens est déjà au plus bas, alors que des nouveaux riches étalent sans vergogne leur opulence. Plus virulents, d'autres soutiennent que ce rassemblement pacifique sera suivi par d'autres jusqu'à ce que la voix du petit peuple soit entendue par les décideurs et que ceux-ci comprennent enfin que ce pays pour lequel des millions d'Algériens sont morts ne sera jamais offert au dinar symbolique aux multinationales et à la diaspora. "L'austérité qu'on veut nous imposer aujourd'hui est inacceptable parce qu'elle justifierait quelque part les erreurs qui ont été commises par nos gouvernants, lesquels ont favorisé l'enrichissement illicite, les pratiques mafieuses et l'institutionnalisation de la corruption, au lieu d'utiliser les sommes faramineuses qu'ont rapportées les hydrocarbures au pays durant la décennie dorée pour asseoir une économie stable et enrichissante pour tous", s'est écrié avec véhémence, un passant, sans pour autant se joindre aux manifestants. Une attitude adoptée par ailleurs par le plus grand nombre des habitués du cours de la Révolution, qui n'ont de cesse de dénoncer la cherté de la vie et les augmentations induites par la loi de finances sur les prix d'un nombre de plus en plus grand de produits, dont celui des carburants. La grogne est d'autant plus perceptible, depuis que les chauffeurs de taxi et d'autobus ont décidé d'augmenter unilatéralement leurs tarifs dès le début de l'année et la raréfaction du lait en sachet sur les étals des crémeries suite au mouvement de grève, qui a été observé par les distributeurs d'El-Tarf. A. Allia