A trois mois des élections provinciales, le conflit sunnite-chiite s'exacerbe. Des milliers de manifestants se sont rassemblés, hier, dans plusieurs villes majoritairement chiites du sud de l'Irak, apportant leur soutien au gouvernement qui fait face depuis plusieurs semaines à un important mouvement de contestation dans les provinces sunnites du pays. Les manifestations ont eu lieu dans la ville portuaire de Bassora, ainsi que dans les villes de Kout, Diwaniya, Kerbala et Samawa, rejetant les appels à la réforme de la loi anti-terroriste et condamnant l'implication présumée d'autres pays de la région dans l'organisation de manifestations anti-gouvernementales. « Avec notre âme, avec notre sang, nous te protégerons Irak », « Non, non au confessionnalisme ; oui, oui à l'union nationale », pouvait-on lire sur les bannières des manifestants, qui brandissaient également des portraits de proches tués, selon eux, dans des attaques d'insurgés sunnites et des pancartes affichant leur soutien au Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki. Ces manifestations interviennent après deux semaines de rassemblements dans les provinces majoritairement sunnites du pays, déclenchés par l'arrestation le 20 décembre de neuf gardes du ministre des Finances Rifaa al-Issawi, un sunnite membre du bloc d'opposition laïc Iraqiya, critique de M. Maliki, accusé depuis plus d'un an d'accaparer le pouvoir. Par ailleurs, les manifestations anti-gouvernementales se sont poursuivies, hier, dans plusieurs villes de la province de Salaheddine, au nord de Bagdad, ainsi que dans la province de Anbar (ouest), où les protestataires continuent de bloquer une autoroute reliant Bagdad à la Jordanie et à la Syrie. Ils réclament la libération de prisonniers sunnites détenus, selon eux, à tort, ainsi que l'abrogation de la loi antiterroriste, utilisée, toujours selon eux, par le pouvoir pour s'en prendre à la communauté sunnite. Le mouvement de protestation a reçu l'appui du chef chiite radical, Moqtada al-Sadr, dont le mouvement compte 40 députés et cinq ministres et qui critique sévèrement M. Maliki. Plusieurs ministres sunnites et kurdes ont apporté, hier, leur soutien aux manifestants anti-gouvernementaux en boycottant la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. Certains députés ont transformé, hier, le parlement en une arène de boxe.