La majorité des ménages sera touchée par une importante augmentation des prix de l'électricité. Alors que le citoyen s'est résolu à intégrer dans ses dépenses la hausse de sa facture d'électricité, induite par la hausse de TVA décidées dans le cadre de la LF 2016, ce dernier se voit encore obligé de revoir sa copie en intégrant une autre augmentation des tarifs hors taxes décidée par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg). C'est en somme une double augmentation à laquelle le citoyen ne s'attendait pas. Gelés depuis 2005, les prix de l'électricité n'ont cessé d'alimenter l'actualité. Depuis de nombreuses années, les spécialistes et les experts plaident pour une augmentation graduelle des prix sans trouver écho chez les pouvoirs publics. En ce début d'année 2016, à cause de la conjoncture économique du pays et de la brèche ouverte par la LF 2016, les pouvoirs publics, à travers la Creg, décident en catimini de revoir à la hausse ces prix. Sans aucune communication officielle sur le sujet, la Creg, dans le sillage de l'adoption de la LF 2016, a décidé d'agir. Dans le détail, la décision de la Creg du 29 décembre 2015 portant fixation des tarifs de l'électricité et du gaz à partir du 1er janvier 2016, précise que les ménages consommant moins de 1000 kWh annuellement ne subiront aucune augmentation ; tous les autres subiront le contrecoup de la hausse. En termes plus clairs, en plus de la hausse de la TVA (elle passe de 7% à 17% sur la consommation d'électricité dépassant les 250 kilowatts/heure/trimestre), les prix vont subir une hausse hors TVA allant de 15,15% à 31,13% selon la tranche de consommation. En additionnant le contrecoup de la hausse issue de la TVA, les prix enregistreront des augmentations allant de 26,66% à 44,44%. Pour ce qui est du gaz, les ménages ayant consommé entre 5000th et 10 000th seront soumis à une augmentions pouvant atteindre 10% ou 36,44 % pour ceux ayant consommé entre 10 000th et 30 000th et 55,90% pour ceux ayant consommé plus de 30 000th. Les industriels devront de leur côté s'attendre à une hausse des tarifs de l'électricité hors TVA de 20% et de 32% en TTC. Pour le gaz, ce sera les grosses industries à forte consommation de gaz, à l'image des cimenteries et des industries sidérurgiques, qui subiront le plus gros choc avec des hausses cumulées atteignant 63,33% du prix du gaz en TTC. Les consommateurs de moyenne pression (les PME) seront soumis à une augmentation de 39,15 % (TTC). Si l'on se fie aux statistiques de la Creg, 24% des clients basse tension et 43% des clients basse pression ne sont pas concernés par les réajustements de tarifs. Comprendre par là que 24% des clients basse tension consomment moins de 1000 kWh annuellement. Un chiffre à prendre avec des pincettes. La Creg semble s'évertuer à tirer les chiffres vers le bas. En effet, avec le boom de la demande, la plupart des Algériens consomment au-delà des 250 KWh/trimestre. C'est le cas notamment en été, avec l'usage des climatiseurs. Il serait utile de souligner, par ailleurs, que les augmentations auxquelles sont soumises les entreprises seront intégrées, forcément, dans les charges d'exploitation et auront désormais une incidence inflationniste sur les prix des produits ou des services. Au final, il reviendra au consommateur de payer aussi les augmentations dans le secteur industriel. Les nouveaux tarifs vont, sans aucun doute, toucher désormais la majorité des ménages, y compris ceux aux faibles revenus, et non pas seulement les plus nantis. S. S.