L'année 2016 commence avec la multiplication des pressions sur les budgets des ménages. A peine ont-ils digéré les nouvelles taxes imposées dans le cadre de la loi de finances 2016 qu'une nouvelle vient miner le moral des ménages. La Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) vient de décider d'une augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz, gelés depuis 2005, laquelle viendra s'ajouter aux hausses de TVA décidées dans le cadre de la LF-2016. On apprend de source proche du dossier que la CREG vient d'envoyer une correspondance à l'ensemble des Sociétés de distribution de l'électricité et du gaz affiliées au groupe Sonelgaz leur enjoignant d'appliquer une augmentation des tarifs. La CREG s'appuie ainsi sur sa décision portant le numéro D22 15/CD du 29 décembre 2015 portant fixation des tarifs de l'électricité et du gaz à partir du 1er janvier 2016. Par le biais de cette décision, la CREG vient de valider une hausse des tarifs hors TVA variant entre 0 et 32% pour l'électricité et de 0 à 48% pour le gaz. Dans le détail, les ménages consommant moins de 1000 kWh annuellement (soit l'équivalent de la consommation quotidienne de 6 ampoules pendant 4 heures) ne subiront aucune augmentation, tout les autres, autrement dit quasiment tout le monde, subira le contrecoup de la hausse. Ainsi, selon les informations dont nous disposons, la CREG a décidé d'une hausse 0,63 DA/kWh pour les ménages consommant plus de 1000 kWh par an et de 1,3DA/kWh pour ceux consommant plus de 4000 kWh/an. Si l'on répercute la hausse de la TVA, la hausse globale des tarifs de l'électricité devrait varier entre 26,66% et 44,24% pour les ménages. Les industriels devront de leur côté s'attendre à une hausse des tarifs hors TVA de 20 % et de 32% en TTC. En ce qui concerne le gaz, les augmentations devraient être plus marquées pour les ménages dont la consommation dépasse 10 000 thermies/an. La CREG vient de décider d'une hausse variant entre 0,07 DA et 1,35 DA/thermie pour les ménages. En termes plus clairs, en associant le contrecoup de la hausse issue de la TVA, la décision de la CREG devrait se traduire par une hausse des prix variant entre 36% et 55,90% pour les ménages. Pour ce qui est des industriels, ce seront les grosses industries à forte consommation de gaz, à l'image des cimenteries et des industries sidérurgiques, qui subiront le plus gros choc avec des hausses cumulées atteignant 63,33% du prix du gaz en TTC contre une hausse de 39,15% pour les clients moyenne pression. Une communication défaillante Ces hausses signent d'ailleurs le début de la fin des subventions. Il va sans dire que ces nouvelles augmentations des tarifs vont bénéficier aux sociétés de distribution affiliées à Sonelgaz et contribuer à réduire le déficit chronique dont souffre le groupe public, contrairement aux taxes décidées par la LF-2016. Celle-ci prend d'ailleurs en considération l'évolution de la conjoncture et actualise les tarifs selon le taux d'inflation, qui a nettement augmenté depuis 10 ans. Cependant, la décision de la CREG devrait aller de son effet sur l'opinion publique, d'autant que celle-ci n'a toujours pas communiqué de manière officielle sur la question malgré l'obligation réglementaire en la matière. Elle n'a pas jugé non plus utile d'investir dans une œuvre de pédagogie à l'intention des consommateurs finaux, d'autant que ces derniers risquent d'être surpris par une facture très salée en raison de l'effet associé de la hausse des tarifs et de la TVA, des taxes d'habitations et de celles d'enlèvement des ordures ménagères introduites sur cette même facture. Contactée par nos soins, la CREG a enfoncé sa communication dans une ribambelle de procédures purement bureaucratiques. Interrogés sur la question, les responsables de Sonelgaz n'ont pas voulu commenter la décision de la CREG, estimant qu'il revient à celle-ci de communiquer sur la question. Pour sa part, le PDG de Sonelgaz, bien qu'il ait confirmé l'existence de la correspondance de la CREG, a aussi estimé que c'est à cette dernière de s'expliquer.