Résumé : Sur insistance de Nabil, Nawel accepte de dîner avec lui une dernière fois avant les noces de Salima. Cette dernière est en pleins préparatifs. Après une journée de galère, elles revinrent à la maison les bras chargés. Nawel annonce alors à sa sœur qu'elle devait sortir. Salima acquiesce, mais ne cache pas ses appréhensions. Salima demeure silencieuse un moment. La question de sa sœur la désarçonnait. Elle savait que Nawel jouait sur ses expressions afin de la mettre devant un fait accompli qu'elle n'admettait pas encore. Elle soupire et lance : -Les deux peut-être. -Tu es ma petite sœur. Je veux plaire et faire bonne impression. Depuis quand ai-je repris cette envie de plaire aux autres ? -Depuis que tu as repris le travail. -Non. C'est depuis que j'ai rencontré Nabil sur la plage. Salima regarde sa sœur : -Tu veux dire depuis votre première rencontre ? Nawel acquiesce : -Oui. Je ne m'en suis pas rendu compte moi-même, jusqu'à ces derniers temps. C'est grâce à Nabil que j'ai pu reprendre pied. Ne me demande pas pourquoi. Je suis peut-être éprise de lui et peut-être juste attirée par son physique. Mais sur ce dernier pas, je ne peux pas trop me prononcer. Nabil est un homme cultivé et qui a eu aussi sa dose de déceptions dans ce monde. Ses enfants demeurent pour lui l'ultime raison de vivre. Moi, je tombe comme ça comme un cheveu dans la soupe, au moment où il voulait peut-être juste faire le vide en lui. -Ou peut-être tenter d'oublier son passé en revivant une idylle avec toi. Nawel hausse les épaules : -Nous nous recherchons tous les deux. Je tente de revivre à travers lui. Pourquoi n'en fera-t-il pas de même ? -Tu acceptes le défi d'affronter encore une fois tes sentiments ? -Qu'ai-je à perdre Salima ? Je ne suis plus de la prime jeunesse. Je n'ai plus l'âge d'avoir un enfant. Je suis seule. Je me sens délaissée par le monde entier. Une main se tend. Ne devrais-je pas la saisir ? Salima s'approche de sa sœur et la serre dans ses bras : -Ma chérie. Je suis confuse. Je voulais juste... -Me mettre en garde comme à tes habitudes Salima. Tu es mon ange gardien. Elle soupire : -Dans quelques jours, je me retrouverai toute seule dans cet appartement. Qui va donc me tenir compagnie ? -Nabil. Il devrait t'assister et veiller sur toi, le temps que tu t'habitues un peu à cette solitude forcée à laquelle tu veux t'astreindre. -Ah ! Nous y voilà. Tu as donc compris ce besoin de se confier à quelqu'un et de se sentir plus légère en entendant une voix familière ? -Oui. Bien sûr que je comprends. Elle écrase une larme : -Quoi qu'il en soit, je ne serais pas tranquille, te sachant ainsi seule et abandonnée. -Mais non. Que vas-tu donc trouver d'autre ? Je vais tout d'abord me mettre à la recherche d'un autre appartement. Quelque chose de plus spacieux et de plus aéré. Ensuite, comme je travaille quotidiennement, je n'aurais aucunement le temps de m'ennuyer. Enfin, dans le cas où cela arriverait, je n'aurais qu'à me rendre à la plage. Elle rit puis jette un regard à sa montre-bracelet : -Hé ! Je vais être en retard. Nous sommes en train de palabrer, alors que je devrais aller me préparer pour ce dîner. Elle plante Salima au milieu du couloir et se dirige vers sa chambre. La fraîcheur de la nuit pousse Nawel et Nabil à aller dîner à l'intérieur d'un restaurant de banlieue. En descendant du véhicule, Nawel relève le col de son manteau et sourit : -Je suis trop frileuse pour dîner à l'extérieur. -Certes, il fait un peu frais, mais cette nuit est agréable. Le ciel est dégagé et on voit les étoiles. Cela me rend romantique. Elle rit : -Poétique aussi. -Cela va avec. Ça rime bien, tu ne trouves pas ? -Alors, abreuve-moi de tes partitions verbales. Elle le précède à l'entrée du restaurant et il la suit. Nawel va tout bonnement s'asseoir devant une grande fenêtre qui donnait sur une arrière-cour. -Tu aimes le grand air ma chère. -Tout comme toi. -Alors nous sommes compatibles sur bien des choses. -Si ce n'était pas le cas, nous ne serions pas là. (À suivre) Y. H.