Ali Benflis annonce que son parti a établi un rapport (livre blanc) qui sera mis à la disposition de la presse et porté à l'opinion publique nationale. Le président de Talaie El-Hourriyet, Ali Benflis, a indiqué à Blida qu'il a profondément étudié l'avant-projet de la Constitution, estimant dans sa conclusion que "c'est un projet conçu par une autorité illégitime qui va être soumis à l'aval d'une institution parlementaire manquant elle aussi de légitimité et que sa régularité va être soumise à l'appréciation d'un Conseil constitutionnel sans marge de manœuvre et sans liberté de décision". Devant les militants de la région Centre qui ont rempli la salle, Ali Benflis a longuement critiqué l'avant-projet de la Constitution mené d'une manière "malsaine" et "contestable" et augure bien du mal de ses perspectives démocratiques nouvelles que le régime politique prétend ouvrir au pays. Il a également estimé que le projet contient bien plus d'une centaine d'amendements, mais ceux-ci n'affectent en rien la nature autocratique et totalitaire du système, et le pouvoir personnel en sort sain et sauf et plus conforté que jamais. "Cette révision constitutionnelle prétendument consensuelle s'est révélée plus diviseuse que rassembleuse. C'est une Constitution d'un régime politique et n'est pas la Constitution que la République attend", a souligné Benflis, précisant que le régime a ignoré les mises en garde contre sa démarche erronée et contre l'ouverture inutile d'un chantier manifestement improductif. "Avant et après la révision constitutionnelle, il y a eu et il y aura toujours une crise de régime dont il faudra bien continuer à rechercher le règlement", a lancé Ali Benflis. Pour lui, le mal profond dont souffre le pays n'est pas dans ses Constitutions qu'il suffirait de réviser périodiquement pour l'en guérir. "Ce mal profond est dans le système politique lui-même qui a dégénéré en pouvoir personnel, dont la vacance met l'Etat en péril", a-t-il estimé. Un livre blanc sur l'avant-projet de la Constitution Dans son long discours, Ali Benflis annonce que son parti a procédé à une analyse exhaustive de tous les aspects de cette révision constitutionnelle et a établi un rapport (livre blanc) qui sera mis à la disposition de la presse et porté à l'opinion publique nationale. Et de se demander concernant les objectifs des trois révisions de la Constitution en dix-sept ans si ce ne sont pas des objectifs personnels. Les objectifs du système sont, selon lui : "En premier lieu, la personnalisation du pouvoir pour qu'il soit incarné que par un homme et lui seul ; en second lieu, prendre d'assaut les manifestations de l'équilibre des pouvoirs pour leur substituer un régime de concentration des pouvoirs ; et en troisième lieu, accaparer les prérogatives du chef du gouvernement et du Parlement pour qu'aucun autre contrepoids n'existe face à un pouvoir présidentiel inhibiteur, dominateur et exclusif." M. Benflis s'est longuement attardé sur la situation de l'économie nationale, estimant que le pays est au bord de la faillite. Selon lui, durant la décennie passée, l'Algérie a eu entre les mains l'équivalent de 1 000 milliards de dollars dont 800 milliards ont été affectés à ce qui a été pompeusement qualifié de plans de relance qui n'ont absolument rien relancé, sinon le gaspillage, la corruption à très grande échelle. "Le jour où le bilan de ce plan de relance sera établi, il apparaîtra inévitablement que ces 800 milliards de dollars sont partis en fumée et que l'économie nationale est toujours aussi précaire, vulnérable, improductive et non compétitive qu'elle l'a été, il y a trente ans", a conclu Benflis. K. FAWZI