Dans sa sortie à Annaba, Ali Benflis est resté fidèle à son discours virulent. Il s'en prendra, dans le constat "pessimiste" de la situation du pays qu'il a établi, au gouvernement "en manque de vision et de compétence", au pouvoir dont il relèvera encore une fois la vacance tout en dénonçant la LF 2016. Il y avait du monde, hier, au théâtre régional Azzedine-Medjoubi d'Annaba, où s'est tenue la rencontre régionale du parti Talaie El-Hourriyet, qui a attiré beaucoup de militants et de sympathisants de ce parti des wilayas de l'extrême Est, venus écouter Ali Benflis et apprendre de sa bouche même où en est la situation du pays. Comme attendu, ce dernier fera part de nouvelles pas rassurantes du tout, à commencer par la vacance du pouvoir, en raison de l'état de santé du chef de l'Etat, qui ne lui permettrait plus de remplir ses fonctions. Ali Benflis ne prendra pas de gants pour dénoncer les errements du gouvernement, qui n'est pas maître de la situation et ne serait plus capable de discernement pour régler les problèmes qui fragilisent le pays, optant souvent pour l'approximation et le provisoire au lieu de mettre en application un programme politique mobilisateur. Il ne sera pas plus tendre avec les institutions de l'Etat, qu'il a qualifiées d'illégitimes, de non crédibles et sans autorité sur des administrés qui ne nourrissent aucune confiance à leur égard. "La crise de régime s'est aggravée, ce régime politique en place a préféré parier sur son pourrissement plutôt que sur sa prise en charge en responsable. Elle a mis à rude épreuve la cohésion et l'unité de la nation, imposant à toute la collectivité nationale des sacrifices immérités", assénera-t-il. Et de se désoler que le pouvoir n'ait pas mis à profit l'embellie financière qui a prévalu, une décennie durant, générant plus de 800 milliards de dollars, qui ont été dilapidés dans des plans de relance qui n'ont rien relancé. L'industrie a régressé à 5% du PIB, l'agriculture plafonne à 12% du PIB et l'Algérie est considérée avec la Libye comme un pays non touristique dans la Méditerranée malgré les atouts naturels dont elle dispose. "Et on vient parler d'austérité et de plans de redressement aux citoyens, alors que nos dirigeants apparaissent si mal préparés et si peu inspirés", protestera-t-il avec un geste de dépit. Le président de Talaie El-Hourriyet rappellera que le Trésor public a été saigné à blanc par la surfacturation des projets, l'octroi douteux des marchés publics de gré à gré, la fraude à large échelle dans le commerce extérieur, l'évasion fiscale, la fuite des capitaux et la corruption qui s'est institutionnalisée. "Cette mauvaise gestion des affaires nous a valu d'être classés au 137e rang mondial sur 144 pays recensés par l'institution Forbes", a-t-il ironisé. Franchement opposé à la loi de finances 2016, il expliquera que celle-ci est vouée à l'échec parce que son cadrage macroéconomique est dépassé par les événements, avant même qu'elle ne soit signée. De plus, la LF 2016 n'avantagerait, selon lui, que les grosses fortunes, qui n'auront pas à supporter le fardeau des ajustements financiers qu'elle implique et qui seront à la charge des couches les plus défavorisées. Des affirmations et des condamnations, qu'il réitérera, lors du point de presse qui a été organisé en marge du meeting. S'il a exprimé son soutien aux parlementaires qui se sont élevés contre la LF 2016, le président de Talaie El-Hourriyet a éludé avec malice les questions relatives à l'initiative des 19-4 et à l'emprisonnement des généraux. A. A.