Louisa Hanoune a réuni, hier, à Alger, 26 sur les 29 membres du bureau politique du Parti des travailleurs, pour apporter un démenti aux rumeurs faisant état d'un large mouvement de dissidence au sein du PT. Et c'est avec beaucoup d'amusement qu'elle a fait l'appel des membres présents, dont certains avaient été annoncés dans le camp du "traître et mercenaire" Salim Labatcha, chef de file de la campagne de redressement. C'est lui qu'elle accuse, d'ailleurs, d'être à la solde d'"une milice mafieuse". Dans son intervention, la première dame du PT a tenu d'abord à répondre au SG du RND et, néanmoins, chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Ce dernier avait rappelé, ce samedi, qu'il avait fait lui-même, par le passé, l'objet d'un mouvement de redressement, et à deux reprises, lui souhaitant au passage "bon courage". Sauf que Louisa Hanoune estime que les "attaques insoutenables qui visent son parti et sa personne diffèrent de ce qu'ont connu les autres formations politiques, qu'elles soient de l'opposition ou proches du pouvoir". Et comme pour mieux se situer face à ses détracteurs, en citant en guise d'exemple Amar Saâdani, mais aussi pour rendre la politesse à Ahmed Ouyahia, elle a précisé qu'"à la différence, ce n'est pas Abdelaziz Bouteflika qui m'a nommée à la tête du PT, mais c'est le comité central du parti qui m'a élue". Une manière de certifier que l'"offensive mafieuse dont fait objet le PT est totalement extérieure à ses rangs". Et pour cette fois-ci, Louisa Hanoune a cité des noms. Il s'agit en premier lieu du chargé de l'organique à l'UGTA, nommé, ce dimanche, sénateur au tiers présidentiel, et qu'elle accuse d'avoir exercé des pressions sur trois membres du bureau politique de son parti, en l'occurrence Ali Bendoub, Mohamed Boufenara et Banamar Bouchemal, qui sont syndicalistes à la Centrale de Sidi-Saïd. Par ailleurs, Louisa Hanoune s'est beaucoup étonnée de l'attribution au député dissident et exclu du parti, Salim Labatcha, d'un bureau à l'Assemblée populaire nationale, dans le but de créer un groupe parlementaire parallèle du PT. "Lorsque nous avions eu vent de ces machinations, nous avons pris attache avec le président de l'APN, qui nous a indiqué que cela relèverait de la fiction. Maintenant que c'est chose faite, il se cache et fuit le chef de notre groupe parlementaire. Larbi Ould Khelifa n'a plus aucun pouvoir, c'est Baha-Eddine Tliba qui décide à sa place." La patronne du PT a rendu publique, à l'occasion, une correspondance du ministère de l'Intérieur qui lui demande de geler sa décision d'exclusion des membres dissidents du parti. Le directeur général des libertés publiques au ministère de l'Intérieur avait écrit, le 24 janvier, à Louisa Hanoune, pour l'informer que les décisions prises contre les personnes en question sont conformes à la loi sur les partis. Mais voilà que 48 heures plus tard, le même responsable et le même service l'informent que la décision relative aux exclusions est désormais gelée, au motif que "les membres exclus ont affirmé leur intention de procéder à un recours". Selon Louisa Hanoune, c'est que le ministère de l'Intérieur est revenu sur une décision sur la base d'"intentions". Surtout que les personnes concernées n'ont introduit aucun recours au niveau de la commission de surveillance (de discipline) du parti. Enfin, Louisa Hanoune a fait savoir, cependant, sans grande inquiétude, qu'elle a fait l'objet de menaces de mort. "Des militants ont été approchés pour leur signifier que s'ils ne me renversent pas, je risquerais la mort. Ils leur ont même dit : ‘Même Mohamed Boudiaf a été assassiné, pourquoi pas donc Louisa Hanoune ?'" Mehdi Mehenni