La vérité tant attendue sur l'assassinat du leader de la Révolution et architecte du congrès de la Soummam, Abane Ramdane, sera enfin connue en 2017, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat. Belaïd Abane, le neveu du chef historique, compte éditer, à l'occasion, un nouvel ouvrage dans lequel toute la vérité sera dite. "Le 27 décembre 2017, à l'occasion du 60e anniversaire de l'assassinat d'Abane Ramdane, nous comptons organiser une cérémonie nationale de deuil définitif dans le pardon et l'apaisement. Mais, il faut, toutefois, que la vérité soit dite", a déclaré, hier, l'auteur de Nuage sur la révolution : Abane au cœur de la tempête à l'occasion d'une conférence-débat organisée par les éditions Koukou en partenariat avec l'établissement Emev, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Dans ce nouveau livre dont les contours commencent déjà à s'esquisser, Belaïd Abane compte, dit-il, répondre d'une manière très précise à toutes les questions relatives à l'assassinat de son oncle. "Je compte dire qui, où, comment, quand et pourquoi Abane a été assassiné pour que la vérité soit connue d'une manière précise. Il y aura de nombreux témoignages circonstanciés et précis sur la question", a-t-il déclaré devant une assistance venue nombreuse. Un avant-goût de ce que seront ces vérités à livrer, et qui s'annoncent déjà explosives, a été donné par Belaïd Abane en répondant à une question sur la version apportée par l'auteur français, Yves Courrière, sur l'assassinat d'Abane, une version qui a cité Abdelhafidh Boussouf comme l'assassin direct du chef de la Révolution. Selon les quelques bribes de réponses livrées par Belaïd Abane, à l'occasion, même l'hypothèse, longtemps rejetée, de la complicité de Krim et Ouamrane dans cet assassinat d'Abane risque d'être remise au goût du jour. "J'ai cherché à rencontrer Yves Courrière, mais étant malade, je n'ai pu rencontrer que son épouse à laquelle j'ai demandé : ‘Comment avez-vous pu établir votre vérité ?' Et elle m'a répondu que c'était sur la base des déclarations de Krim et Ouamrane. Alors j'ai répondu que, d'un point de vue éthique, une vérité ne peut pas être totalement établie en interrogeant les principaux suspects", a-t-il déclaré à ce sujet. À une question sur les ossements d'Abane restés introuvables jusqu'à aujourd'hui, Belaïd Abane dit avoir été contacté par un ancien responsable de l'ALN à Tétouan, du nom de Zahir Ihedadene, qui a témoigné avoir vu la tombe d'Abane Ramdane. Ce qui a permis d'établir au moins un plan de sa tombe, qui sera publié dans ce prochain livre, a-t-il expliqué, tout en rappelant qu'en 1984, une commission a été diligentée sous Chadli pour retrouver ses ossements, mais hélas, tout avait été déjà détruit auparavant. Interrogé sur la responsabilité d'Abane concernant le courrier révélé par Salah Louanchi comme adressé à la Fédération de France pour liquider tous les contre-révolutionnaires, qu'il s'agisse des messalistes ou des berbéristes, Belaïd Abane a répondu que le courrier en question n'était pas l'œuvre du seul Abane. "C'était un écrit collectif signé par les responsables du Constantinois, de l'Oranie et de l'Algérois", a-t-il expliqué avant de disculper, également, l'architecte de la Soummam dans l'assassinat de Benaï Ouali, que certains ont voulu imputer à Abane. "Benaï a été liquidé quelque temps après ses démêlés avec Mohamedi Saïd, qui l'a menacé de mort, et Krim Belkacem", a-t-il soutenu. Samir LESLOUS