Khalfa Mammeri a publié, aux éditions Mehdi de Tizi Ouzou, un ouvrage qui revient sur les circonstances de l'assassinat de Abane Ramdane, héros de la guerre de libération. L'auteur reproduit dans Abane Ramdane, le faux procès un document rédigé le 15 août 1958 à Tunis par le colonel Ouamrane qui retrace les circonstances de l'assassinat d'Abane. Reproduit in extenso, les quatre pages et demie étaient écrites à l'aide d'une machine à écrire datant de l'époque. Khalfa Mammeri a avoué avoir obtenu l'explosif document auprès d'une personne qu'il n'a pas nommée dans son livre. Il a pris le risque de le publier malgré le fait qu'il en ait été dissuadé par certaines personnes, a-t-il encore indiqué. Le document comporte un post- scriptum écrit par Ouamrane, jurant « sur l'honneur que ces déclarations sont conformes à la réalité ». Ouamrane rapporte un dialogue entre cinq colonels (Belkacem Krim, Abdelhafid Boussouf, Lakhdar Ben Tobbal, Mahmoud Chérif et Amar Ouamrane lui-même). Les discussions entre eux portent sur la nécessité de la « liquidation ou de son (Abane) incarcération ». Voici quelques extraits : Krim et Boussouf : « Il (Abane) veut nous détruire et selon des renseignements obtenus, il veut même liquider quelques-uns parmi nous. » Ouamrane : « En ce qui concerne la prison, je m'associe à vous, mais je suis contre la mort (…). » En page 155, la description est macabre : « Ce dernier (Abane) était allongé et avait été étranglé dans cette position à l'aide d'une corde par les deux éléments qui accompagnaient Boussouf à l'aérodrome. » Outre ce chapitre relatif à l'assassinat de l'architecte de la plate-forme de la Soummam, l'ouvrage de Khalfa Mameri contient trois parties dans lesquelles il s'en prend à l'ex-chef de l'Etat, Ahmed Ben Bella et à l'ancien président du HCE, Ali Kafi, qui avaient, tour à tour, accusé Abane de « trahison ». Khalfa Mammeri semble se spécialiser dans le parcours d'Abane Ramdane. Il défend sa mémoire en spéculant par moment sur des faits et des gens. Il paraît toutefois animé d'une sincérité utile pour la recherche de la vérité historique. Il estime qu'il faudrait « exiger un jury d'honneur irréprochable pour faire, une fois pour toutes, la lumière sur l'assassinat du rédempteur de la Révolution. L'Algérie aurait gagné la paix des consciences » (p.139). Mille exemplaires de l'ouvrage ont été tirés. Le prix public est de 350 DA.