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Bakir Farhi : "Les conditions de travail à l'université de Béjaïa sont loin d'être satisfaisantes" Le lauréat du prix Maurice-Audin de mathématiques se confie à "Liberté"
Bakir Farhi, chercheur en mathématiques à l'université de Béjaïa, est lauréat du prix Maurice-Audin pour l'année 2016. Dans cet entretien, il fait un diagnostic peu reluisant de l'université tout en déplorant le manque de moyens matériels, notamment au sein du laboratoire de recherche en mathématiques. Il déplore, en outre, l'absence de débat entre les différents acteurs de la communauté universitaire à l'origine des tensions et des conflits qui auraient pu être évités avec le dialogue. Liberté : On vient de vous décerner le prix Maurice-Audin de mathématiques. Quelles sont vos impressions ? Bakir Farhi : Je suis heureux d'avoir reçu le prix Maurice-Audin de mathématiques, d'autant plus que ce prix est, à ma connaissance, le seul en Algérie, attribué aux mathématiciens en reconnaissance de leurs recherches. Cela va m'encourager à travailler davantage et aussi à relancer les activités du laboratoire de mathématiques de l'université de Béjaïa (LMA). Cette distinction aura-t-elle, d'après vous, un impact positif sur l'université de Béjaïa et particulièrement au niveau de votre faculté ? Les membres de la faculté des sciences exactes m'ont exprimé leur joie et leur fierté pour le prix que je viens de décrocher ; c'est, peut-être, là, une occasion à saisir pour développer cette faculté, lui rendre confiance et renforcer les liens entre ses différents départements. Quelle appréciation faites-vous des conditions de travail au sein de cette université souvent traversée par des turbulences ? Les conditions de travail à l'université de Béjaïa sont loin d'être satisfaisantes et beaucoup de problèmes peuvent être soulevés. Pour commencer, les années sont très courtes car souvent affectées de grèves qui peuvent pourtant être évitées si l'on instaure un débat objectif et raisonnable. L'autre problème dans la relation entre enseignants et étudiants, c'est le non-respect de ces derniers pour leurs enseignants. C'est d'ailleurs pour cette raison (entre autres) qu'en 2013, j'ai quitté la faculté des sciences et techniques (dont le climat de travail m'était insupportable) pour aller à la faculté des sciences exactes. Un autre problème concerne le niveau très bas des étudiants, notamment en première année. L'enseignement des mathématiques dans nos lycées se réduit, au fil des ans, à la mise en application de recettes. On a affaire à des étudiants qui apprennent des formules par cœur en oubliant leurs sens et encore plus leurs démonstrations qui constituent l'essence même des mathématiques ; c'est-à-dire des mathématiques qui nous proviennent des traditions grecques et arabes. Enfin, le laboratoire de mathématiques de l'université de Béjaïa (LMA) est doté d'un budget inutilisable pour des raisons techniques et bureaucratiques qui nous dépassent. Ce qui fait que les chercheurs de ce laboratoire ne disposent même pas des moyens les plus élémentaires. Entretien réalisé par : Achour Hammouche