Gare au vertige ! Zinédine Zidane se jette aujourd'hui dans le tourbillon de la Ligue des champions pour son premier match européen comme entraîneur du Real Madrid, suscitant des attentes très élevées avant ce huitième de finale aller chez l'AS Rome. A partir de maintenant, il n'y a plus de filet. Depuis sa nomination le 4 janvier, le technicien français (43 ans) a bénéficié d'un mois et demi de tranquillité pour appliquer son jeu et ses méthodes. Mais il sait sans doute que l'état de grâce dure rarement au Real, géant planétaire aux dix couronnes en C1. Buteur d'anthologie lors du neuvième sacre merengue en 2002, adjoint de Carlo Ancelotti en 2014 pour le dixième titre (la "Decima"), "ZZ" est peut-être l'homme providentiel, celui qui pourra conquérir un 11e trophée, la "Undecima". "Forcément, il y a une saveur particulière", a reconnu Zidane avant de retrouver aujourd'hui cette Ligue des champions qui l'a fait roi. Si l'ancien meneur de jeu est entré dans l'imaginaire collectif en France avec le sacre mondial de 1998, il est devenu une icône en Espagne avant tout pour son inoubliable volée en finale à Glasgow en 2002, rediffusée à chaque match au stade Santiago-Bernabeu. Au stade olympique de Rome, les Italiens se souviendront néanmoins que la C1 n'a pas toujours souri au Français, battu deux fois en finale avec la Juventus Turin (1997, 1998). Mais peu importe. Mercredi, les "super souvenirs" de Zidane dans cette compétition n'auront plus d'importance : il sera jugé au présent et au futur. L'ancienne icône des Bleus et du Real a-t-il eu le temps, en six semaines, d'imprimer sa patte ? De transformer le onze brouillon et déséquilibré de son prédécesseur Rafael Benitez en machine à gagner ? Tel est le défi de l'ancien entraîneur de la réserve merengue (2014-2016), passé en deux mois des terrains défraîchis de la troisième division espagnole aux pelouses impeccables de la Ligue des champions. Après six matches sur le banc en Liga, "Zizou" a pu esquisser un sursaut : cinq victoires, un nul et 23 buts marqués pour 5 encaissés. Mais le calendrier était abordable et les vrais sommets arrivent : la Roma aujourd'hui, Malaga en Liga à l'extérieur dimanche, et surtout le derby madrilène contre l'Atlético le 27 février. Cela donnera un premier aperçu de l'efficacité de la méthode Zidane : remise à niveau physique, accent mis sur la qualité technique et grande liberté pour les stars offensives de l'équipe comme Cristiano Ronaldo, meilleur buteur de la C1 cette saison (11 buts). "(Zidane) apporte beaucoup à l'équipe, de la confiance, du jeu", s'est enthousiasmé cette semaine l'attaquant français Karim Benzema. "Il est proche des joueurs, il aime parler avec nous", a renchéri son compatriote Raphaël Varane. Privé à Rome de Gareth Bale (mollet) et de Pepe (pied), le Real a enregistré lundi le retour dans le groupe de Marcelo (épaule), qui pourrait renforcer une ligne arrière pas très souveraine samedi contre l'Athletic Bilbao en Liga (victoire 4-2). En face, l'AS Rome a changé d'entraîneur cet hiver avec le départ du Français Rudi Garcia au profit de l'Italien Luciano Spalletti, déjà entraîneur de la Roma qui avait éliminé le Real en huitième de finale en 2007-2008 (2-1, 2-1). Se venger des Romains semble dans les cordes des Madrilènes et c'est même un impératif après une année 2015 vierge de tout trophée: alors que le Barça pointe en tête de la Liga et disputera la finale de la Coupe du roi contre Séville, la C1 est peut-être la meilleure chance de titre pour le Real. Mais Zinédine Zidane l'a assuré, il n'a pas peur du vide. "Oui, on est préparés. Oui, on a envie de faire quelque chose d'important dans cette compétition et oui, on va se battre", a-t-il promis.