Les interventions inaugurales du 5e Symposium de l'Association algérienne de l'industrie du gaz (AIG), qui s'est ouvert hier à l'hôtel Sheraton et qui était centré sur la "technologie, moteur de développement des ressources gazières", n'ont pas manqué de relever les difficultés que vit le secteur de l'énergie en Algérie. En premier lieu, fut relevé le retard dans la mise en œuvre du programme des énergies renouvelables. En ce sens, le P-dg de Sonelgaz et président du Comité algérien de l'énergie a jeté un véritable pavé dans la mare : "Il s'agit bien d'un programme de 22 000 MW à l'horizon 2030 tel qu'annoncé par la commission de régulation de l'électricité et du gaz visant 27% de mix énergétique, et qui privilégie la voie de l'éolien et du solaire en particulier qui, ensemble, représentent 18 600 MW. Programme qu'il faudra bien analyser et disséquer soigneusement pour en extraire ce qui est techniquement raisonnable d'être réalisé qui semble être au mieux autour de 10% de mix énergétique. En effet, sauf révolution technologique, sauf introduction d'au moins 6 500 MW de solaire thermique avec stockage et une limitation du solaire photovoltaïque et de l'éolien à moins de 8 000 MW, il serait techniquement utopique d'espérer atteindre à l'horizon 2030 le mix énergétique visé eu égard aux conditions de fonctionnement du système production-transport." Ce langage de vérité résume les errements de la politique énergétique du pays depuis 2011. Le programme de réalisation de 22 000 MW d'énergies renouvelables, qui avait été confié à Sonelgaz et qui avait été entériné par le gouvernement Sellal, s'avère trop ambitieux. En un mot, le plan du gouvernement en matière de développement des énergies renouvelables est utopique selon le P-DG de Sonelgaz. Ce programme traîne en raison d'une démarche contestée et de difficultés de financement. Aït Laoussine : "Contrats à long terme : l'Algérie doit être moins rigide" L'Algérie a besoin d'accélérer le développement des énergies renouvelables, a préconisé l'ancien ministre de l'Energie Aït Laoussine dans une communication sur les implications des transformations dans la scène gazière mondiale sur l'Algérie. En second lieu, face à une remise en cause des contrats à long terme par les acheteurs et les risques que Sonatrach perde ses parts de marché en Europe face à la concurrence qatarie et bientôt de l'Australie et des Etats-Unis, l'Algérie a besoin d'être moins rigide et moins dogmatique afin d'adapter ses contrats à long terme aux évolutions de la scène gazière internationale, a t-il ajouté. Elle a besoin tout autant de renouveler ses réserves et de régler ses problèmes de volume si elle veut maintenir ses parts de marché et ne pas voir ses revenus gaziers se réduire comme une peau de chagrin. Quant au ministre de l'Energie, Salah Khebri, il a exprimé la position traditionnelle de l'Algérie : la défense des contrats à long terme. Concernant la concertation au sein de l'Opep, il a affirmé que l'Algérie poursuivra ses efforts pour rapprocher les points de vue des producteurs de pétrole membres et non-membres de l'Opep, afin de parvenir à une réduction de l'offre en pétrole en vue de redresser les prix du brut. Amine Mazouzi, P-DG de Sonatrach : "Les cours du pétrole ont atteint les prix planchers" Le P-dg de Sonatrach, Amine Mazouzi a, lui, dans son intervention, éludé les difficultés que rencontre Sonatrach pour reconduire les contrats à long terme et pour augmenter la production d'hydrocarbures. Optimiste, il estime que les cours du pétrole ont atteint des niveaux planchers et qu'ils vont remonter en 2016. K. Remouche