Que le ministre de l'Intérieur et le chef d'état-major évoquent, tour à tour, à un jour d'intervalle, la menace sécuritaire, c'est que la situation est vraiment inquiétante. La menace sécuritaire dans les régions du Maghreb et du Sahel, et qui pèse, donc, sur notre pays, a atteint la cote d'alerte. Le danger est d'ailleurs sérieusement appréhendé par les plus hautes autorités sécuritaires. En visite d'inspection dans la 4e Région militaire à Ouargla, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée populaire nationale, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, a sonné l'alerte. "Ce que notre région vit actuellement comme troubles et aggravation inédite de la situation sécuritaire augurent, sans doute, d'issues défavorables sur la sécurité et la stabilité des pays de la région", a-t-il averti, hier, au premier jour de sa visite, dans une allocution d'orientation prononcée devant les cadres de l'ANP de la 4e Région militaire. Le chef d'étatmajor de l'ANP a enchaîné avec un appel à la vigilance : "(...) Ce qui exige de nous au sein de l'Armée nationale populaire plus de vigilance afin que l'Algérie puisse demeurer forte face à ses ennemis et que son avenir demeure, avec l'aide de Dieu, entre les mains de ses fils dévoués qui veillent, sans répit, à son édification tout en ayant conscience de sa glorieuse histoire pleine d'enseignements et en appréciant avec gratitude ceux qui l'ont retracée." Cette déclaration de Gaïd Salah fait suite à celle, également alarmée, commise la veille par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Bedoui, qui a soutenu, lors d'une conférence de presse conjointe avec sa collègue de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, que la situation aux frontières est préoccupante. "Je ne suis pas là pour vous faire peur, car l'Algérien est de nature courageux pour avoir résisté durant les années 1990 face à la violence qui a fait plus de 200 000 morts, mais pour que nous prenions conscience de la situation qui prévaut à nos frontières et dans la région", a-t-il affirmé, ajoutant que "(...) notre priorité, aujourd'hui, dans ce contexte sécuritaire des plus critiques, demeure la stabilité". Que le ministre de l'Intérieur et le chef d'état-major évoquent, tour à tour, à un jour d'intervalle, la menace sécuritaire, c'est que la situation est vraiment inquiétante. Elle l'est au demeurant, au regard de ce que l'actualité charrie comme attentats commis chez les voisins, de l'Est notamment, et de ce que la lutte antiterroriste déjoue comme attentats potentiels à l'intérieur du pays. La récupération d'un arsenal de guerre, notamment 6 missiles antiaériens de type Stinger, dans une opération militaire dans la localité de Guemmar (El-Oued), qui s'est soldée aussi par l'élimination de 3 dangereux terroristes, renseigne sur la persistance de la menace sécuritaire, notamment aux frontières. C'est, entre autres, probablement, la nature de ces armes récupérées qui a ajouté à l'inquiétude. D'autant que, quelques jours auparavant, Daech, que les spécialistes soupçonnent de vouloir délocaliser les bases de son califat rêvé du Moyen-Orient vers la Libye, a tenté de prendre d'assaut la ville tunisienne de Ben Guerdane. Une tentative planifiée depuis la ville libyenne de Syrte que les ouailles d'Al-Baghdadi contrôlent déjà. Et la présence de Daech dans cette Libye disloquée, enlisée dans une grave crise institutionnelle, est une menace permanente sur la stabilité de la région. S. A. I.