L'Union africaine étudie la possibilité de la mise en place d'une "force de contre-terrorisme" au Mali, ont rapporté les médias locaux. Une équipe d'experts s'apprête à se rendre à Bamako pour étudier ce projet, ont ajouté des sources de l'UA à Addis-Abeba et à Bamako. "Elle aura pour mission d'évaluer les menaces de sécurité dans le nord du Mali", ont affirmé ces sources, expliquant que "cela permettra d'élaborer un plan pour une force internationale dans la lutte contre le terrorisme", a rapporté Reuters. Une telle force, si elle venait à voir le jour, aurait ainsi pour mission de combler le dispositif de lutte existant, formé par les troupes françaises de l'opération Barkhane et des troupes maliennes, et de soutenir la Mission de maintien de la paix onusienne (Minusma) qui est plutôt une force d'interposition. Ciblée par les attaques terroristes, qui ont coûté la vie à une vingtaine de ses éléments en 2015, la Minusma ne peut pas traquer les groupes armés. L'idée de mettre sur pied la "force de contre-terrorisme" vient en réponse au retour des groupes terroristes dans ce pays, dans un contexte marqué par des avancées significatives du processus de paix, sous la médiation algérienne. Les groupes terroristes, plus particulièrement Ansar Eddine de l'ex-chef rebelle Iyad Ag Ghali, ont affiché leur intention de saper ce processus. Mais leur détermination et projet vont au-delà du simple sabordage de ce processus. Car Ansar Eddine ou Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avec ses deux filiales "Al-Mourabitoune" et l'"Emirat du Sahara" inscrivent leur présence au Mali dans le cadre d'un vaste projet de conquête de tout le Sahel. Les actions terroristes qu'a menées Al-Mourabitoune du chef algérien Mokhtar Belmokhtar à Bamako contre l'hôtel Radisson Blu le 20 novembre 2015, et avant elle la fusillade contre un bar-restaurant La Terrasse, était le point de départ de leur changement de stratégie et de leur redéploiement là où il y a des intérêts occidentaux et là où l'armée française a déployé ses troupes. Les attaques commises contre deux établissements touristiques à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 16 janvier, dont le bilan s'élevait à 30 morts, en majorité des Occidentaux, suivie ce dimanche par une autre attaque contre la station balnéaire de Grand-Bassam à Abidjan, en Côte d'Ivoire (16 morts) sont l'illustration de la force de frappe d'Aqmi au-delà de son champ d'action "traditionnel" que sont l'Algérie et le Mali. Affaibli en Algérie et acculé au Mali, Aqmi cherche à desserrer l'étau qui l'empêche d'étendre son influence dans la région sahélo-nord-africaine. Avec la mise sur pied d'une force africaine et le projet de création d'une autre force conjointe des pays du Groupe 5 Sahel (G5 Sahel) par le Mali, la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger, il sera, peut-être, possible d'endiguer la menace terroriste dans la région, où les terroristes nigérians de Boko Haram essaient aussi d'étendre leur territoire. Mais faudra-t-il d'abord disposer de suffisamment de moyens financiers et humains pour concrétiser un tel projet, sachant que d'autres défis sécuritaires sont également à relever dans d'autres pays africains ? L. M.