Alger accueille aujourd'hui une réunion "consultative de haut niveau des membres du Comité de suivi de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali", parallèlement à une rencontre régulière du Comite bilatéral stratégique algéro-malien, qui a débuté hier. Vu le contexte de sa tenue, cette réunion prend un cachet assez particulier. Car, elle a lieu au moment où la mise en œuvre de l'Accord d'Alger piétine, tandis que sur le plan sécuritaire, le nord du Mali et d'autres pays de la région du Sahel sont aux prises avec la recrudescence des attentats terroristes et des enlèvements des ressortissants étrangers. Le dernier acte terroriste en date est l'attaque, vendredi, d'un convoi humanitaire dans le cercle de Goundam, près de Tombouctou. Au moins deux soldats maliens ont été tués et trois autres blessés, selon plusieurs sources. Une autre attaque a visé la localité de Dioura, relevant de Mopti, dans le centre du Mali. Ces deux attaques sont à inscrire dans la longue série de violences armées, toutes revendiquées par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Eddine, le Front de libération du Maçina et Al-Mourabitoune, chacun dans sa zone d'influence à travers tout le territoire malien. Si les attaques terroristes dans le sud du pays et la capitale Bamako sont un fait nouveau, dans le nord du Mali elles constituent le lot quotidien des habitants qui attendent avec impatience la mise en place des troupes mixtes (armée malienne et ex-rebelles), dans le cadre de l'Accord d'Alger. La mise en place de ces troupes mixtes devraient permettre, dans le moyen et le long terme, la sécurisation du nord du Mali, ce qui est en soi une mauvaise chose pour les groupes terroristes islamistes, plus particulièrement pour Aqmi et Ansar Eddine, les deux mouvements les mieux implantés dans cette zone proche de la frontière algérienne. C'est ce qui explique, en partie, la multiplication des attaques terroristes contre l'armée malienne, contre les troupes de la mission de paix onusienne la Minusma, mais également contre les soldats français de l'opération Barkhane et les éléments armés de la Coordination des mouvements de l'Azawad, un des signataires de l'Accord d'Alger et anciennement allié à Ansar Eddine. Le chef de ce mouvement, Iyad Ag Ghali, issu de la communauté targuie des Ifoghas, avait rallié les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad tout au début de leur rébellion en 2012 contre les autorités maliennes à Bamako, avant de verser dans le terrorisme quelques mois plus tard. C'est pourquoi il s'acharne aujourd'hui à saper l'accord de paix pour se maintenir dans la région, menaçant également les intérêts français, dans un enregistrement audio qui remonte au mois de novembre 2015. Les inquiétudes de l'ONU, quant au retard pris dans la mise en place des sites de cantonnement des ex-rebelles et le lancement des troupes mixtes, sont, en effet, motivées par cette menace terroriste, selon le dernier communiqué du Conseil de sécurité rendu public début janvier. La réunion d'Alger nourrit donc beaucoup d'attentes pour éviter un chaos programmé au Mali, un pays en phase de devenir malgré lui le cœur battant de la lutte contre le terrorisme islamiste dans la région sahélo-saharienne. L. M.