Lancée en 2006, la Semaine des alternatives aux pesticides est une manifestation internationale se déroulant annuellement du 20 au 30 mars. La plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) qui réunit des experts de tous les pays estime, dans une communication datée de février 2016, que "la recherche récente indique des effets létaux et sublétaux des insecticides néonicotinoïdes sur les abeilles et sur le service de pollinisation qu'ils assurent". Ajoutant que "plus de trois quarts des principales cultures mondiales destinées à l'alimentation dépendent d'une manière ou d'une autre de la pollinisation animale". C'est donc l'avenir de toute la chaîne agroalimentaire qui est en jeu. Au plan des institutions de l'ONU, l'IPBES est pour la biodiversité ce que le Groupe intergouvernemental pour l'évaluation du climat (GIEC) est pour le climat. Le constat des atteintes à l'environnement par l'usage des pesticides n'est pas nouveau mais les gains économiques de cet usage mis en avant jusque-là en termes de productivité tiraient leurs consommations à la hausse malgré les risques sanitaires inquiétants et la destruction des agents pollinisateurs. Pourtant toutes les études sérieuses indiquent que partout dans le monde les rendements ne progressent plus. D'autre part, si on comptabilise tous ces impacts sanitaires et environnementaux (externalités négatives), les pesticides se révèlent bien moins rentables dans le bilan économique global. Une étude récente sur ces externalités, menée par deux chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA - France), note qu'aux Etats-Unis, au début des années 1990, ils (usage des pesticides) rapportaient environ 27 milliards de dollars par an à l'économie américaine, mais pesaient pour au moins 40 milliards de dollars. Parmi les dégâts, on peut citer la perturbation des services offerts par les écosystèmes (pollinisation, etc.) ; les frais de santé avec le traitement des maladies chroniques, les coûts pour réglementer et contrôler ces produits mais aussi la surveillance et l'assainissement des eaux et des milieux contaminés. Les bénéfices économiques des pesticides retenus sont les surplus de rendements agricoles liés à leur usage, mais l'écart de rendements avec les meilleures pratiques de l'agroécologie (page Environnement Liberté du 24-03-2016) et de la permaculture (page Environnement Liberté 17-03-2016) semble de moins en moins déterminant. Le rapport du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) (unep.org) publié en 2012, note qu'"En Afrique subsaharienne, on estime que les coûts résultant des intoxications aux pesticides dépassent maintenant le somme totale annuelle de l'aide publique au développement accordée à la région en matière de soin de santé de base, à l'exclusion de l'aide publique pour le VIH/SIDA". Dans la même région, on estime que le coût total des maladies et des blessures liées aux pesticides pourrait atteindre 90 milliards de dollars (USD) d'ici 2020. Parlant des pays émergeants et en voie de développement, Achim Steiner, secrétaire général adjoint de l'ONU et directeur exécutif du PNUE, ajoute : "La pollution et les maladies liées à l'utilisation, à la production et à l'élimination non durable des produits chimiques peuvent gravement entraver les progrès et l'accomplissement des objectifs de développement clés. En effet, cela affecte l'approvisionnement en eau, la sécurité alimentaire, le bien-être et la productivité des travailleurs". Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les intoxications dues à l'usage de ces produits causent deux cent cinquante mille morts par an. R. S.