Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a estimé, hier à Alger, impératif de faire de l'autisme un "chantier présidentiel" pour "améliorer la prise en charge du patient". Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a donné des directives pour faire de l'autisme un chantier présidentiel devant se traduire par la mise en place d'un plan national intégré pour "améliorer la prise en charge du patient", a indiqué Abdelmalek Boudiaf lors d'une conférence internationale sur l'autisme à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de l'autisme, le 2 avril. Il a précisé que le plan reposait sur la formation adaptée des personnes intervenant dans les différents secteurs concernés, le diagnostic précoce, la prise en charge spécialisée et intégrée du patient tout au long de sa vie, l'accompagnement et la formation des familles et du mouvement associatif, ainsi que la mise en place de programmes de recherche permettant, notamment, et en premier lieu, de connaître le spectre autistique. Après avoir souligné la base de données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) faisant état d'un taux de prévalence compris entre 30 et 60 cas pour 10 000 pour l'ensemble des troubles du spectre autistique (TSA), il a affirmé qu'"en Algérie, comme ailleurs à travers le monde, la fréquence en augmentation constante des troubles du spectre autistique se heurte à l'insuffisance des structures et des personnels spécialisés et met en lumière l'absence d'une stratégie globale multisectorielle qui constitue", selon lui, "la seule réponse à même de mieux répondre à la souffrance des enfants et de leurs familles". Concernant son secteur, M. Boudiaf a indiqué que les services et unités de pédopsychiatrie connaissaient une courbe ascendante en termes de nombre, mais devaient faire face à deux problèmes majeurs, à savoir le manque de cadres spécialisés et la difficulté d'individualiser la prise en charge de l'enfant autiste dans un milieu où convergent les problèmes de santé mentale. Il a salué, toutefois, les efforts consentis par le ministère de la Santé avec l'aide de l'OMS, pour l'organisation de deux sessions de formation en 2006 et 2008 visant le développement des compétences des pédopsychiatres. Et depuis 2013, la pédopsychiatrie a été créée comme spécialité médicale à part entière, a-t-il encore dit. Reste cependant, a-t-il poursuivi, à redynamiser la formation en neurologie qui devrait être la première spécialité médicale à prendre en charge les troubles du spectre autistique. Il a insisté, à ce propos, sur le chantier de la formation en matière de prise en charge des troubles du spectre autistique qui devra être un chantier prioritaire intéressant les personnels de l'ensemble des secteurs intervenant pour assurer d'abord un diagnostic précoce le plus accessible en termes de proximité au regard de l'étendue du pays et, ensuite, mettre en place une véritable prise en charge médico-psycho-pédagogique intégrée soulageant la famille et donnant un maximum de chances d'intégration à l'enfant autiste. D'autre part, le ministre de la Santé a qualifié le partage des connaissances entre professionnels et parents d'indispensable à la qualité de l'accompagnement de la personne atteinte de troubles du spectre autistique, mettant l'accent sur la sensibilisation et la formation du mouvement associatif en tant qu'auxiliaire des pouvoirs publics de manière à "modifier ou enrichir les pratiques qui améliorent et facilitent la prise en charge". R. N./APS