Ces robes noires participent à un programme d'échange financé par l'Union européenne. La cour de Blida a abrité hier un séminaire international sur le droit de la défense et des personnes, organisé par le Conseil de l'ordre de la ville des Roses. Cette rencontre, à laquelle ont pris part des responsables et des membres des bâtonnats de Carpentras, de Nîmes et de Montpellier (France), de Vérone (Italie) et de Figureras (Espagne), fait partie d'un cycle d'échanges financé par l'Union européenne dans le cadre du projet Agis (du nom d'un roi de Sparte) à hauteur de 286 000 euros. L'idée est partie, il y a quelques années, d'une proposition de jumelage du bâtonnat de Blida avec celui de Nîmes. Aujourd'hui, le cercle s'est élargi aux avocats des barreaux de Charleroi, en Belgique, et de Timisoara en Roumanie. La présomption d'innocence, la prise en charge juridique des victimes de violence et le droit des femmes et des enfants sont quelques-unes des problématiques soulevées jusqu'à maintenant par les robes noires des deux rives de la Méditerranée. Leur sort n'est pas plus enviable que les justiciables. En dépit des différences en matière de progrès démocratique et des libertés, les velléités des pouvoirs publics visant la restriction du droit de la défense sont tenaces aussi bien ici qu'en Europe. Bernard Delran, ancien bâtonnier de Nîmes et chef du projet Agis, est revenu sur la mise en détention d'une de ses consœurs de Toulouse au prétexte d'avoir révélé à un complice de son client des informations contenues dans le dossier de l'instruction. Son incarcération en vertu d'un amendement introduit dans le code de procédure pénale par l'ex-garde des Sceaux, Dominique Perben, a suscité l'indignation de toute la corporation de l'Hexagone. En citant cette triste affaire, Me Delran a voulu montrer qu'en l'absence de vigilance et de mobilisation, les pouvoirs publics sont toujours prompts à empiéter sur les missions de la défense et les restreindre. Or du droit des avocats dépend celui des justiciables. L'ex-bâtonnier de Nîmes y ajoute un troisième relatif au droit à l'information. Par la voix d'un de ses représentants, la chancellerie algérienne a dressé, quant à elle, un tableau reluisant de l'état de la justice dans notre pays. Se faisant l'écho de la réforme lancée dans ce secteur, le délégué de Tayeb Bélaïz a mis l'accent, dans son intervention, sur les changements opérés dans les textes et l'amélioration du niveau de la formation des magistrats. M. Henni, directeur central chargé de la modernisation, lui a emboîté le pas en axant pour sa part sur la numérisation des procédures et des différents fichiers. Cependant, sans le changement des mentalités, aucun de ces efforts ne peut être fructueux à long terme. C'est en substance ce que Me Ksentini a souligné. Le président de la CNCDPDH a pointé du doigt les juges qui, selon lui, “souffrent d'insuffisances professionnelles et refusent de faire l'effort de s'instruire”. S. L.