Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a dépêché un émissaire, en la personne de son conseiller personnel, Tayeb Belaïz, pour éclaircir les positions de l'Algérie par rapport notamment au Hizbollah, à la coalition arabe intervenant militairement au Yémen et à la crise syrienne. Alger a dépêché Tayeb Belaïz, ministre d'Etat, conseiller spécial du président de la République, auprès des autorités saoudiennes, afin de lever l'équivoque qui entache ses relations avec l'Arabie saoudite, subséquemment à ses positions à l'égard de certaines questions, comme le Liban, le Yémen... Dans une déclaration à la presse à l'issue de l'audience que lui a accordée le serviteur des deux Lieux saints de l'Islam, le roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud, Tayeb Belaïz a, en effet, indiqué qu'il était porteur d'un message du président Bouteflika "apportant des éclaircissements" au souverain saoudien. Pour autant, Abdelaziz Bouteflika a, d'abord, réaffirmé, lundi, que "les positions de l'Algérie vis-à-vis de certaines questions sensibles que connaît la scène arabe sont sous-tendues par son legs historique quant à la non-ingérence dans les affaires internes d'autres pays, et ne sont pas, contrairement à ce qui pourrait être perçu, une opposition à des partenaires arabes". "D'aucuns pourraient croire, à tort, que des positions exprimées par l'Algérie à propos de certaines questions sensibles sur la scène arabe, voire régionale, s'opposent à celles de nombre de ses partenaires arabes, mais, en fait, les positions de l'Algérie trouvent leur essence dans son legs historique, depuis la guerre de libération, consacrant le principe de non-ingérence dans les affaires internes d'autres pays", a soutenu le président Bouteflika dans son message. La position de l'Algérie, ajoute le chef de l'Etat, émane de "ses Constitutions qui interdisent le déploiement des forces armées algériennes hors des frontières du pays", soulignant que "cela ne les empêche pas de fournir des aides considérables dans d'autres domaines". Ce rappel étant fait, le président Bouteflika a néanmoins accusé certaines "parties malintentionnées", qu'il n'a pas citées, de camper derrière les tentatives de "brouiller" des relations avec l'Arabie saoudite. Ce qui, à l'évidence, vient confirmer la tension qui plombe les relations bilatérales entre Alger et Riyad. À commencer par le Yémen, subséquemment au refus de participer à la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite pour combattre les rebelles soutenus par l'Iran, et de prendre part aux manœuvres militaires organisées par ce pays, les prises de position de notre pays à l'égard de certaines questions ne semblent pas du goût du royaume wahhabite. Ce que l'Algérie a pourtant dûment expliqué, en son temps, par l'interdiction constitutionnelle qui est faite à son armée de se déployer hors des frontières du pays. Mais en déclinant l'offre saoudienne, l'Algérie avait fait montre de sa disposition à contribuer à la force arabe, par d'autres moyens, autrement logistiques, comme vient de le rappeler l'actuel message de Bouteflika. Alger a également refusé de déclarer comme organisation "terroriste" le Hezbollah libanais. Ce qui a fini par réduire à la potion congrue les relations bilatérales, comme en témoignent les mesures de rétorsion prises par l'Arabie saoudite, en s'alignant franchement sur les thèses marocaines sur le Sahara occidental. Cela étant, dans sa démarche visant la relance des relations bilatérales plombées par autant de questions qui "fâchent", l'Algérie ne s'arrête pas là. Une invitation a été transmise au souverain saoudien de la part du président de la République à visiter l'Algérie "dans les meilleurs délais" et à laquelle il a répondu favorablement. Amar Rafa