Une plateforme en ligne permettant aux citoyens d'appeler gratuitement leurs eurodéputés pour leur demander de rejeter la directive sur la "protection du secret des affaires" a été lancée, hier, à deux jours du vote du Parlement européen. Le collectif regroupe journalistes, lanceurs d'alerte, scientifiques, ONG, associations et syndicats européens. Cette plateforme, piphone.lqdn.fr, développée par l'association de défense des droits et libertés des citoyens sur internet La Quadrature du Net, permet à tout un chacun de choisir n'importe lequel des 751 députés européens et de l'appeler dans son bureau de Strasbourg, où le Parlement est réuni en session cette semaine, pour le convaincre de ne pas voter pour la directive, explique le collectif dans un communiqué. Les appelants, auxquels la plateforme prodigue notamment des conseils de politesse et rappelle qu'ils risquent de tomber sur un assistant parlementaire, peuvent aussi adresser un courriel à leurs députés, dont les adresses sont fournies. Cette démarche fait suite, précise le collectif, "à une pétition qui a recueilli en quelques jours plus de 126 000 signatures de citoyens européens appelant les eurodéputés à rejeter la directive, ainsi que plus d'un millier d'interpellations directes de ces mêmes eurodéputés sur twitter depuis le lundi 11 (#tradesecrets)". "Alors que les ‘Panama Papers' ont rappelé l'importance du travail des lanceurs d'alerte pour l'intérêt général", les eurodéputés, s'ils votaient pour, "adopteraient une directive ouvrant un droit supplémentaire aux poursuites contre ceux qui ont permis ces révélations", explique le collectif. Il met en garde contre un texte "qui se propose de donner à des entreprises comme le cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca", au centre du scandale des "Panama papers", "des moyens juridiques supplémentaires pour poursuivre des journalistes ou des entreprises de presse publiant sans leur consentement des documents et des informations internes". Le projet de directive "secret des affaires" vise à instaurer un socle juridique européen pour lutter notamment contre l'espionnage industriel et protéger l'innovation. Il a suscité une levée de boucliers parmi les journalistes, lanceurs d'alertes, défenseurs des droits de l'Homme, scientifiques, associations, ONG et syndicats. Ils craignent que les infractions à ce secret interviennent dès que des informations seront diffusées, notamment pour alerter le grand public sur des sujets d'intérêt général, et d'être poursuivis en justice et condamnés pour avoir fait leur métier. R. I./Agences