C'est, incontestablement, le plus grand scandale d'évasion fiscale de la planète qui vient d'être révélé par des lanceurs d'alerte, éclaboussant 140 responsables politiques ou personnalités de premier plan, issus de 50 pays, dont 12 chefs d'Etat et Premiers ministres en exercice ou anciens, leurs proches et associés, ainsi que des stars de football, entre autres, Michel Platini et Lionel Messi. À l'origine de ces révélations qu'il a été convenu d'appeler "Panama papers", une source anonyme qui a remis gracieusement au journal allemand Süddeutzsche Zeitung les archives d'un cabinet d'avocats panaméen, Mossack Fonseca, spécialisé dans la domiciliation de sociétés offshore depuis la fin des années 1970. Pour le protéger, l'identité du lanceur d'alerte n'a pas été divulguée aux médias qui ont travaillé sur l'enquête. Une année durant, 109 journaux à travers 76 pays ont mené des enquêtes, pour vérifier l'authenticité des documents, coordonnées par le Consortium international des journalistes d'investigation (Icij) de Washington ainsi que le journal allemand, destinataire de la fuite. Le collectif de journalistes — l'Icij précise que 370 journalistes de plus de 70 pays y ont participé — qui a eu accès à 11,5 millions de documents, a dressé des listes contenant les noms de nombreuses grandes personnalités dans le monde détenant des comptes offshore. Parmi lesquels il y a surtout les noms de milliers de personnes anonymes, mais aussi, de six chefs d'Etat en exercice dont le président argentin Mauricio Macri, le président ukrainien Petro Poroshenko, le président des Emirats arabes unis Khalifa bin Zayed bin Sultan Al Nahyanet, le roi d'Arabie saoudite Salman bin Abdulaziz bin Abdulrahman Al Saud. Et d'autres, dont des milliardaires célèbres, une vingtaine de joueurs de football vedettes, évoluant notamment à Barcelone, au Real Madrid ou encore à Manchester United, et certaines célébrités, qui auraient recouru aux mêmes montages offshores pour dissimuler leurs actifs. A. R.