Le wali a qualifié la présence de ces établissements dans le périmètre agricole de "violation de la loi" et d'"anarchie". Les hammams de Mechta Smara (commune de Telaghma) ne sont autres qu'une colonie érigée, en violation de la loi, dans une sphère à vocation agricole, à savoir le périmètre irrigué, que la wilaya de Mila a créé dans cette région du sud de son territoire. Cette colonie de thermes, composée de 11 établissements privés, est érigée au niveau de la section 7 dudit périmètre agricole, dont la mise en valeur est à la charge de l'Onid (Office national de l'irrigation et du drainage). Occupant une superficie de 14 ha, ces hammams sont, du point de vue juridique, illégaux, compte tenu de la valeur des autorisations d'exploitation obtenues par leurs gérants. En effet, ces derniers sont titulaires, soit d'autorisations de concession délivrées par le ministère du Tourisme, ou bien de simples registres du commerce. Pour le wali et le directeur des domaines, ces documents n'ont pratiquement aucune valeur et ne peuvent, de ce fait, être utilisés dans l'exploitation des ressources hydriques souterraines, comme le font les propriétaires de ces établissements, qui restent des seules prérogatives de l'Etat. Le directeur des domaines plaide, en effet, pour l'expropriation de l'espace où est implanté le soi-disant pôle thermal de Mechta Smara, à cause justement du problème juridique que pose l'exploitation d'une richesse naturelle souterraine par des particuliers. Le wali, qui vient de donner un coup de pied dans la fourmilière en ouvrant ce dossier que ses prédécesseurs ont tu de longues années durant, a qualifié, pour sa part, la présence de ces établissements dans le périmètre agricole de "violation de la loi" et d'"anarchie". Il a menacé de sévir avec toute la rigueur de la loi pour faire triompher la légalité. En épluchant le dossier, mercredi dernier, lors d'une rencontre organisée sur le sujet, il a fait savoir que "tous les instruments légaux, le recours à la démolition compris, seront mis en œuvre pour assainir cette question". À noter cependant que ces établissements, qui avaient commencé à pousser depuis 2005, bénéficiaient de l'accord tacite, pour ne pas dire la caution complice des pouvoirs publics de l'époque, qui en avaient autorisé la construction et la mise en service en milieu agricole et sur la base de documents incompatibles avec la loi. Mais la défaillance juridique n'est pas la seule anomalie dans ce dossier. Un autre problème d'ordre environnemental a été soulevé par le représentant de la direction du secteur hydraulique, qui a expliqué que l'exploitation de ces thermes a engendré un phénomène grave, celui de la montée des eaux chaudes et salées en surface, ce qui constitue indéniablement une sérieuse menace pour l'avenir de tout le projet du périmètre irrigué. L'intervenant affirme, en effet, qu'en plus des 11 thermes, la région de Mechta Smara compte 153 forages illicites, dont quelques-uns, creusés à des profondeurs abyssales (près de 200 m selon cette source), font remonter les eaux salées souterraines en surface, ce qui ne manquera pas de compromettre tout le projet agricole ambitionné. Intervenant dans le débat, le wali a fait savoir qu'il est déterminé à organiser le secteur touristique sur des bases qui ne souffrent aucune équivoque et de prémunir, dans le même temps, le périmètre irrigué de Telaghma, dût-il recourir à la manière forte. Kamel B.