Les premiers patients opérés sont deux enfants âgés respectivement de 18 et 34 mois, nés avec une surdité congénitale, et une femme de 54 ans qui a récemment perdu l'ouïe. L'opération espoir qui peut rendre l'ouïe à beaucoup de sourds est devenue une réalité à Sétif. En effet, le médecin-chef du service ORL du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif, Pr Abderazek Bouchaïr et son équipe ont réussi, hier et avant-hier, trois implantations cochléaires (IC). Le médecin a à son actif pas moins de 270 opérations réalisées aux CHU de Annaba et de Batna depuis 2007. L'événement qui s'inscrit dans le cadre d'une meilleure prise en charge des malades souffrant de surdité a été ponctué d'une rencontre avec la presse à l'issue de la première implantation. "Ce n'est que le début d'une longue route d'implantologie. Nous ferons de notre mieux pour soulager tous les malades de la région. Il était anormal qu'une aussi importante wilaya soit la dernière en matière d'implantation cochléaire. Dieu merci, nous avons pu faire quelque chose pour la population de Sétif et toute la région. C'est beaucoup plus une intervention de démystification de l'IC", dira non sans fierté Pr Bouchaïr au sortir du bloc opératoire, après plus de deux heures d'intervention. Ce professeur qui a une expérience qui date de 2007 dans le domaine de l'implant cochléaire, puisque c'est lui qui l'a lancé à Annaba et à Batna, n'a pas mâché ses mots pour dire qu'il ne faut pas compter seulement sur le CHU pour l'achat d'implants dont le coût est estimé à 22 000 euros l'unité. "Outre les trois implants que nous avons placés au début de cette semaine, le directeur du CHU s'est engagé à nous fournir une dizaine d'implants dans les prochains jours. Cependant je tiens à lancer un appel aux bienfaiteurs pour sponsoriser ce genre d'opérations", a-t-il déclaré. Il est à noter que la liste des patients souffrant de surdité, inscrits sur la liste du professeur, comporte une douzaine de personnes. Les premiers patients opérés sont deux enfants âgés respectivement de 18 et 34 mois, nés avec une surdité congénitale, et une femme de 54 ans qui a récemment perdu l'ouïe. Par ailleurs, l'équipe chirurgicale a tenu à indiquer que la motivation des parents aura un rôle très important à jouer pour le suivi et la rééducation de leurs enfants. En effet, un suivi rigoureux assuré par des psychologues, orthophonistes et ingénieurs audiométristes, qui seront chargés du suivi postopératoire du patient implanté pour le réglage de l'appareil et l'apprentissage du langage, est aussi important que l'acte chirurgical. L'un des critères de choix des sujets à implanter est la motivation des parents. "L'implant ne sert à rien si les parents ne sont pas impliqués. Il y a aussi un bilan médical audiométrique et psychologique qui fera savoir s'il y a indication pour l'intervention", nous dira Pr Bouchaïr. Et de renchérir : "Chaque année, 800 à 900 nouveaux cas de surdité congénitale sévère ou profonde apparaissent en Algérie chez des enfants notamment. Sur mille naissances, on recense une ou deux surdités congénitales, sans parler d'autres causes accidentelles, car d'autres personnes perdent l'audition en grandissant." Lors du diagnostic de cette pathologie, l'on distingue la surdité pré-linguale, c'est-à-dire avant l'âge de deux ans, voire avant l'apprentissage du langage, et la surdité post-linguale qui apparaît à l'âge de 5 ou 6 ans, une fois le langage acquis. Plus on implante tôt, plus les résultats sont assurés. Il est à souligner que depuis la mise en place du programme national de lutte contre la surdité initié en 2007, pas moins de 3000 enfants ont bénéficié de cet implant qui vise à fournir un certain niveau d'audition aux personnes atteintes de surdité. F. SENOUSSAOUI