Le Djurdjura offre beaucoup de prédispositions pour la pratique des sports de montagne tels que le ski et l'alpinisme en période hivernale, les randonnées pédestres et l'escalade au printemps et l'été, pourvu qu'on y accorde un minimum d'intérêt. Les régions situées au piémont du Djudjura, à l'instar du territoire de la daïra des Ouadhias, pourraient constituer des centres d'attraction touristiques et servir de carrefour pour les visiteurs nationaux et étrangers attirés par la beauté sauvage et les merveilles qui se cachent au fin fond du Djurdjura. Si seulement il y avait une volonté politique de l'Etat de promouvoir le tourisme de montagne, source génératrice de recettes en devises à notre pays. Pour la seule daïra des Ouadhias, pour ne parler que de cette partie géographique adjacente au Djurdjura, deux communes, à savoir Aït Bouadou et Agouni Gueghrane, sont situées au bas de cette chaîne montagneuse et dont les territoires débordent même sur le Parc national du Djurdjura. La création des centres d'accueil ou des auberges de jeunesse au niveau de ces communes limitrophes pouvait redonner vie à ces collines oubliées en accueillant des groupes de visiteurs pour les besoins d'hébergement. Or, aujourd'hui, aucune structure hôtelière ou autre foyer d'accueil pouvant servir de lieux d'hébergement des groupes organisés n'est disponible à proximité du Djurdjura, versant ouest, notamment à Ouadhias, Ouacifs ou Boghni. Seule structure existante depuis fort longtemps, l'hôtel El Arz de Tala Ghilef en l'occurrence, mais malheureusement celui-ci a fermé ses portes depuis quelques années à cause de la situation sécuritaire qu'à connue notre pays. Il existe un établissement culturel bien implanté à Ouadhias-centre, fermé depuis quelque temps, “s'y prêtant pour abriter une auberge de jeunes, pourvu qu'on y pense et qu' on s'y intéresse”, avons-nous appris de source locale. La même source révèle qu'une proposition a été déjà faite dans ce sens auprès des services concernés, à savoir la direction de la jeunesse et des sports. Cet établissement nécessitera, bien évidemment, des travaux d'aménagement pour les commodités de ce genre de vocation. Le Djurdjura et ses merveilles … Le Djurdjura est une chaîne de montagnes pittoresque qui s'étale sur une longueur de 50 km, allongée parallèlement à la mer Méditerranée dans la direction est-ouest. La chaîne commence à Tizi n'Chréa au niveau d'Akfadou à l'est, et prend fin à Tizi n'Djabout à l'ouest. Le Djurdjura est composé de trois massifs : le massif occidental, Haïzer (Bouira), forme un plateau culminant à 2000 m d'altitude, le massif central Akouker dont le point culminant, Ras-Timedwin, est à 2305 m d'altitude, enfin, le massif oriental, Tamgout, dont le plus haut sommet, Lalla Khedidja, est à 2308 m d'altitude. Le plus bas point du Djurdjura est celui de Tabourt Lâncer culminant à 808 mètres d'altitude. La superficie totale de la chaîne montagneuse est de 18 550 hectares pour une couverture végétale de 5 068 hectares. Cette couverture végétale est composée essentiellement de la masse d'arbres, dominée par le cèdre (inguel), le chêne vert (akerrouche) et le pin noir (azoumbi). Pour ce qui est de la faune, beaucoup d'espèces d'animaux y vivent à l'instar du chacal, sanglier, singe magot, renard, mangouste, chat sauvage, porc-épic, lièvre, hérisson, hyène striée, etc. Pour les espèces d'oiseaux, on y trouve les sédentaires dont l'épervier, l'alouette, le hibou, le corbeau, le merle, l'aigle, le vautour, le faucon, le pigeon, le moineau, le mésange bleu, le rossignol. Un lieu propice pour les sports de montagne et loisirs… Quant aux oiseaux migrateurs, on y trouve l'hirondelle, la caille, la bergeronnette, le rouge-gorge, le rouge-queue, la grive, la tourterelle, la huppe, l'étourneau. Il fut un temps, les vendeurs de neige parcouraient des kilomètres pour aller au fin fond des grottes au sommet de la montagne dans le but de chercher de la neige transformée en glace qu'ils transportaient dans des sacs sur les dos d'âne. C'était une activité commerciale comme toute autre pour subvenir aux besoins de la vie quotidienne. La neige se vendait alors en période d'été dans des verres comme de la glace au niveau des souks et villages. D'ailleurs, un réalisateur de cinéma algérien, Achour Kessaï en l'occurrence, leur avait même rendu hommage à travers son film diffusé à la télévision nationale intitulé Le vendeur de neige. Le Djurdjura offre beaucoup de prédispositions pour la pratique des sports de montagne tels que le ski et l'alpinisme en période hivernale, les randonnées pédestres et l'escalade au printemps et l'été, pourvu qu'on y accorde un minimum d'intérêt. Au bon vieux temps où l'association écologique et sports de montagnes Monta-Club des Ouadhias était en activité, deux sites d'escalade ont été aménagés au niveau de Aït Oulhadj dans la commune d'Aït Bouadou et à Aït Ergane dans la commune de Agouni Gheghrane. L'association Monta-Club assurait des séances d'escalade, de ski et servait de guide pour des groupes organisés qui venaient de différentes régions du pays, notamment les étudiants. Avant la désastreuse situation sécuritaire, la beauté de la montagne attirait beaucoup de monde. Des campements sont même organisés au lieu dit Tamda Ouguelmim, le merveilleux lac situé au- dessus d'Aït Bouadou. Tamda Ouguelmim, ce vaste terrain concave retient les écoulements des eaux en hiver en formant en grand lac, il est d'une splendeur inestimable au printemps. Le bétail s'y abreuve. Mais celui-ci asséché en été, servait aussi de lieu d'escale et de campement pour un moment de repos aux randonneurs faisant le trajet Tala Guilef-Tikjda. Une piste carrossable permet l'accès en voiture vers le lac à partir de Tikjda. En 1992, ce merveilleux site avait abrité un tournoi de football intervillages durant une quinzaine de jours, en accueillant des marées humaines venues pour assister à la fiesta footballistique. Vidé de son eau par évaporation en été, le lac se transforme en vaste terrain de football. Le Djudjura, zone de repli pour les groupes terroristes Depuis 1993, les choses ont changé au niveau du Djurdjura : les groupes terroristes ont pris possession des lieux pour s'en servir comme refuge et zone de repli. Même les pauvres bergers qui avaient l'habitude, depuis belle lurette, de garder leur troupeaux tout le long de la période estivale, ont été contraints de déserter les lieux. D'ailleurs, la première incursion terroriste fut enregistrée à la fin du mois d'août 1993 où un groupe armé avait pris en otages de jeunes bergers. Ces derniers ont été conduits de force jusqu'au village le plus proche d'Aït Bouaddou pour les sommer d'indiquer à leurs assaillants les demeures des personnes en possession de fusils de chasse. C'étaient les moments forts des débuts de l'insurrection islamiste. La dernière incursion terroriste en date a été enregistrée au niveau du village Aït Ergane, commune d'Agouni Gueghrane, il y a deux mois de cela. C'était vers la fin du mois de mai 2005. Entre ces deux dates, 12 années passées, le Djurdjura et ses merveilles auraient été témoin du nombre de terroristes qui avaient pris possession de son territoire, le traversant jour et nuit, privant ainsi toute promenade en montagne. M. S. B.